Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/411

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS de 1453, les assiégés semblent avoir mis une confiance toute parti¬ culière... Aujourd’hui, ce n’est plus qu’une pauvre mosquée assez délabrée, perdue dans un quartier lointain, solitaire et farouche. Mais si l’extérieur est modeste, presque misérable, au dedans l'édi¬ fice a gardé de sa splendeur passée des joyaux d’art incomparables. Le couvent dont faisait partie cette église était, à en juger par le nom qu’il portait, de fondation assez ancienne. Il s'appelait le mo¬ nastère de Chora, c’est-à-dire « de la campagne », et de cette appel¬ lation, assez analogue à l’épithète de fuori le mura (hors les murs) que portent certains édifices sacrés de la banlieue romaine, on doit conclure que primitivement il s’élevait en dehors de l’enceinte de la cité. Or, comme il se trouve aujourd’hui au dedans des murailles, et que de bonne heure, dès la première moitié du vc siècle, l’empe¬ reur Théodose II étendit de ce côté, jusqu’à scs limites actuelles, le périmètre de la capitale, il s’ensuit nécessairement que la con¬ struction du couvent de Chora est antérieure à cette date. 11 n’en conserva pas moins, durant toute la durée de l’empire, et alors même qu’il eut été compris dans la ville, sa primitive désignation. Seu¬ lement les Byzantins des époques postérieures, ne trouvant plus de sens intelligible à cette appellation topographique, s’appliquèrent, au xive siècle surtout, à lui découvrir une interprétation plus re¬ levée et plus mystique. Ils établirent un rapport ingénieux et subtil entre le nom du monastère et le Christ dispensateur de la vie (ÇwoioTo;), qu’on y vénérait, entre le terme de yj&pa et la Vierge mère du Sauveur, auquel l’édifice était plus spécialement consacré ; et, se complaisant, avec leurs raffinements de rhéteurs, à jouer sur les mots, ils adorèrent dans le Christ de Chora la source de toute vie, le divin protecteur des vivants (-/j y/op* twv Çmvtwv) , dans la Vierge mère du Seigneur, celle par qui s’était révélé au monde le Dieu im¬ mortel et infini (vj /topy. tou àywpviTou). Et c’est pourquoi, aujourd’hui encore, sur les vieilles mosaïques qui tapissent les parois du nar- thex, on voit ces deux appellations inscrites, à la place d’honneur, à côté des images du Christ et de la Madone. Depuis les jours lointains de sa fondation, le monastère de Chora, assez modeste à l’origine, a traversé bien des vicissitudes. Somp¬ tueusement reconstruit au vie siècle, après le grand tremblement de terre de 557, parles soins de Justinien, il devint bientôt, sous le gou¬ vernement de l’abbé Théodore, un oncle maternel de l'impératrice Théodora, l’un des plus peuplés et des plus célèbres de Byzance, et quoiqu’il eût, comme les autres couvents de la capitale, quelque peu