Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/443

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38 i GAZETTE DES BEAUX-ARTS regardée comme l’un des joyaux du Louvre. À côté des Gros et des Gérard, des Géricault et des Carie Vernet, Swebach représenterait ces petits maîtres qui parvinrent à un faire aisé, aimable et amusant dans les fastes de l’épopée impériale, ou rendirent avec un pittoresque soigné des coins du Paris contemporain. À défaut d’une Bataille de Rivoli ou d’une Promenade en calèche, quelque Chasse au cerf, quelque Marche d*armée, suffirait à donner aux visiteurs de nos col¬ lections nationales une idée d’un peintre à la réputation fameuse, qui, mieux connu, ne pourra que gagner en célébrité. Cette célébrité, elle commença, pour ainsi dire, dès l’Exposition publique des Beaux-Arts organisée en 1791, par ordre de l’Assemblée nationale, « Lan III de la Liberté ». C’était — on le sait — la première fois que « tous les artistes français ou étrangers, membres ou non de l’Académie de peinture et de sculpture, étaient également admis à exposer leurs ouvrages dans la partie du Louvre destinée à cet objet »L Swebach envoya trois tableaux à ce Salon, qui ne fut pas, comme Joachim Le Breton voulait le laisser croire, une réunion de chefs-d’œuvre, mais une collection d’œuvres de mérites fort divers, où se reflétaient les angoisses de l’heure. David y triomphait avec trois toiles (la Mort de Socrate, le Serment des Horaces, Brutus qui vient de condamner ses fils), qui le consacraient chef d’école; la gloire de Vien y projetait son dernier rayon. Quant à Swebach, on le remar¬ quait avec les paysagistes Taunay et Demarne, on le cilait dans les gazettes avec le sincère Bruandet, et Valenciennes, de pitoyable mémoire. Le livret attribue au « citoyen Sweback Desfonlaines » : « n° 363, Paysage avec figures »; — « n° 383, François 1er fait pri¬ sonnier à la bataille de Pavie, Petit tableau »; — « n° 671, Un Paysage représentant un ancien port avec figures et animaux ». Devant le succès remporté, Swebach se promit bien de ne jamais s’abstenir d’aucune exposition officielle. Mais, aux termes du décret de l’Assemblée nationale, le Salon ne devait se tenir que tous les deux ans : les artistes ne furent donc conviés qu’en 1793 à soumettre leurs œuvres au jugement du public. Malheureusement, un état de trouble et de confusion régnait. Il n’était point de nature à encourager les artistes dans l’exécution de ces grandes compositions d’histoire ancienne dont le public était si friand. Quelques peintres s’attachèrent alors à brosser des coins de bivouac ou des pans de forels étoffés de personnages militaires; 1. Assemblée nationale, décret du 21 août J701, article 1er.