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412 GAZETTE DES BEAUX-ARTS a plus d’une fois reproduits dans ses compositions cynégétiques. Il n’y a pas de chien dans les premières Indes. M. Fenaille a complètement élucidé tous ces points et signalé les détails permettant de distinguer la tenture de Desportes, exécutée de 1735 à 1740, de la première suite. Les livrets des Salons de l’Aca¬ démie royale de peinture et de sculpture, datés de 1737 et années suivantes jusqu’en 1741, et aussi les recherches de M. Engerand sur lescommandes officielles du xviucsiècle *, fournissent de copieux détails d’une extrême précision sur la nature, l’ordre et le prix des travaux exécutés par François Desportes pour la deuxième tenture des Indes. Gomme la première, cette seconde suite se composait de huit panneaux; tous figurèrent successivement aux Salons de l’Académie royale. En 1737, paraît un premier tableau qui semble bien corres¬ pondre au sujet désigné plus haut sous le litre de JJIndien à cheval’, mais, cette fois, le rédacteur du livret se montre assez sobre de détails. Il sera plus prolixe à l’avenir. La description dit seulement : « Un grand tableau représentant un cheval richement orné, conduit par un nègre, plusieurs autres animaux, poissons, plantes, fleurs et fruits des Indes. » Combien plus précises sont les descriptions du livret de 1738! Qui ne reconnaîtrait à première vue le Cheval rayé, dit aussi Le Rhinocéros, dans les lignes suivantes : « Un grand tableau en largeur, de 16 pieds sur environ 12 de haut, représentant un tigre de la grande espèce, qui combat un Cheval rayé tel qu’on en trouve aux Indes; et, sur le derrière, un Rhinocéros et une gazelle; au bas, des Tatous et des Armadilles, un grand arbre dont le fruit est de la Casse, beau¬ coup d’oiseaux, poissons, plantes et arbres des Indes. » Tout cela se retrouve sur la pièce des anciennes Indes conservée à Malte, pièce qui vient d’être récemment restaurée — on pourrait dire plus exac¬ tement refaite — dans l’atelier des Gobelins. L’autre tableau de 1738 répond tout à fait au sujet des Deux tau¬ reaux. Qu’on en juge plutôt : « Une voiture chargée de cannes à sucre et autres fruits des Indes, tirée par deux taureaux; deux nègres, qui portent un hamac couvert d’un riche tapis qui sert sou¬ vent à porter leur maître. Il y a dans le paysage un moulin à sucre, beaucoup d’oiseaux, arbres, plantes, fleurs et fruits des mêmes cli¬ mats. » Cette fois le livret prend soin d’ajouter : « Ce tableau est ordonné par le Roy pour être exécuté en tapisserie aux Gobelins. » 1. Inventaire des tableau v commandés et achetés par la direction des bâtiments du lloi (1709-1792). Paris, Leroux, 1901, in-8°, p. 146-151.