Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/542

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE SALON D’AUTOMNE m de l'observation cruelle, méprisante et déçue; le mode de l'écriture simplifiée; l’ordre des sujets pris au théâtre, au café-concert, dans les bals publics et dans les bouges. A mesure que les années passent, et sans que les thèmes varient, les dédains, les dégoûts, les ran¬ cœurs s'avivent; le satiriste s'exacerbe; le dessin devient plus syn¬ thétique; la couleur convoite les raffinements de Ja préciosité, et bientôt Toulouse-Lautrec atteint à l’épanouissement d’une origina¬ lité distincte où l'acuité des moyens d'expres¬ sion vient seconder merveilleusement le don de la pénétration psychologique. À cha¬ que manifestation nou¬ velle, les hautes qua¬ lités du style dévolues à son œuvre apparais¬ sent mieux en lumière et Toulouse-Lautrec s’installe plus défi¬ nitivement dans la gloire. Les abrévia¬ tions expressives de sa manière ont fait école (toute l'affiche contemporaine des¬ cend de lui) et les suggestions de son art demeurent si impé¬ rieuses qu'on en peut surprendre la trace jusque chez un peintre russe, M. Goffliet, et chez certains élèves de Gustave Moreau, MM. Des- vallières, Piot, Rouault, par exemple. Ils se sont institués tous trois annalistes du plaisir, et le cirque, et le restaurant, et le bar, et les Àlhambra de Londres et les Moulin Rouge de Paris les ont invités à découvrir, sous le faste des apparences et le pittoresque du décor, la misérable vanité de la love-life; leur perspicacité, elle aussi, n'est dupe d'aucune complaisance, d’aucun artifice et d'aucun mensonge; mais à la différence de Toulouse- Lautrec, MM. Desvallières, Piot, Rouault n'admettent ni la lumière éclatante, ni la gamme des tons joyeux et tendres; grandis dans la DAME A LA BALUSTRADE, PAU M. CHAULES GUÉRIS (Salon d’automne.)