Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/584

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LADY DILKE\t509 Les Couslou (1901). Ces derniers articles sont des chapitres du grand ouvrage qu’elle préparait depuis fort longtemps. Lady Dilke a couronné sa carrière littéraire par ce beau travail, sur notre art du xvme siècle, qui suffirait à sauver son nom de l’oubli. On en vit paraître chez Bell, avec régularité, les quatre volumes intitulés : French Paint ers of the XVIlït/i Century (1899); French Architects and Sculplors of the XVÏIlth Century (1900); French Décoration and Fuvniture in the XVIllth Century (1901); French Engravers and Draughtsmen of the XVIllth Century (1902). A ces études se rattache la préface que l’auteur donna l’année dernière r\t\t au livre de M. Emile Molinier sur la collection Wallace. Elle médi¬ tait en ces derniers temps un travail semblable sur le xvuc siècle, et une partie des matériaux étaient déjà réunis entre ses mains. L’ouvrage, d’un plan si vaste et d’une exécution si difficile, adonné prise à de nombreuses critiques de détail et l’on ne saurait en être surpris. Mais l’accumulation des renseignements en fait un précieux instrument de travail. Il a été question d’en publier une traduction française; peut-être vaudra-t-il mieux qu’un érudit français essaie de refaire ce qu’une étrangère n’a pas hésité à entreprendre. Mais, si ce travail est jamais exécuté, il pourra demeurer dans ses grandes lignes conforme au plan conçu par Lady Dilke, et il lui restera le mérite d’avoir été le premier historien qui ait embrassé dans son ensemble une des plus brillantes époques de l’art français. Le meilleur hommage à rendre à Lady Dilke nous a semblé l’énumération des œuvres qui jalonnent sa laborieuse vie d’écrivain. Ceux qui ont eu l’honneur de l’approcher n’oublieront pas le charme de son accueil, sa bonté sincère et la sûreté de son amitié. Elle était la digne compagne d’un homme éminent dans les choses de la poli¬ tique et ouvert à toutes celles de l’intelligence. Mais cette artiste, qu’on aurait crue absorbée par l’étude et le culte de la beauté, avait fait une part de plus en plus grande à la vie civique et à l’action sociale. Elle se consacrait activement, en ces dernières années, à l’amélioration du sort des femmes et des enfants dans les classes ouvrières. Elle a contribué par sa propagande à l’organisation des syndicats féminins de l’Angleterre, et au mouvement qui a amené la création des inspectrices pour les usines et ateliers où travail¬ lent les femmes. Ces détails ajoutent aux regrets dont nous entou¬ rons aujourd’hui l’aimable figure littéraire qui disparaît. PIERRE DE NOLHAi;