Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/8

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LA « VIERGE DE MISÉRICORDE » D’ENGUERRAND CHARONTON ET PIERRE VILLÀTE AU MUSÉE CONDÉ l est, pour un musée, diverses manières de s’en¬ richir. La plus ordinaire est l’entrée d’un objet nouveau dans les collections, par suite d’achat, de don ou de legs. Mais il peut arriver aussi que le musée trouve un accroissement de richesse dans son propre fonds, lors¬ qu’une heureuse découverte met tout à coup en lumière une pièce dont l’intérêt n’avait pas encore été suffisam¬ ment reconnu. La possibilité désormais établie d’attacher un nom d’auteur précis, une date certaine à une œuvre jusqu’alors rangée obscurément parmi les anonymes, doit être considérée comme* constituant une véritable con¬ quête. Bien souvent même une conquête de ce genre est de meilleur aloi et destinée à demeurer plus durable qu’une acquisition proprement dite. Que d’achats, que de dons faits jadis à grand tapage, qui nous paraissent aujour¬ d’hui de bien minime importance, pour ne pas dire plus ! Au contraire, des constatations rigoureuses d’ori¬ gine et d’auteur ont une valeur définitive. L’histoire de l’art ne peut s’établir qu’à l’aide d’une série de jalons sûrs, permettant de substituer peu à peu des données indiscutables à des théories trop uniquement fon¬ dées sur des questions, plus ou moins-vagues, de senti¬ ment personnel. Toute œuvre qui bénéficiera du pri¬ vilège de devenir un de ces jalons, un de ces points de repère,