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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/117

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puisque de alpha à êta l’ensemble des lettres qui se suivent, sans le nombre six, donne trente pour résultat ; jusqu’à epsilon nombre des lettres, quinze ; ajoutez sept, vous avez vingt-deux ; ajoutez encore êta, qui est le nombre octonaire, vous remplissez admirablement la trentaine.

Les adeptes de Marcus déduisent de ce dernier calcul que l’ogdoade est la mère des trente Æons. Dans le nombre trente, trois puissances ; triplez ce nombre, vous avez quatre-vingt-dix.

La multiplication du nombre trois par lui-même amène neuf, et produit un résultat semblable. Le douzième Æon, dont la défection laissa les autres Æons dans les hauteurs du Plerum, prit, suivant eux, la forme littérale du Logos, celle de la parole. La onzième lettre, en effet, est lambda ; cette lettre, qui représente en grec le nombre trente, représente la Providence supérieure, puisque depuis alpha jusqu’à lambda, sans le nombre six, la multiplication des lettres auxquelles lambda vient s’ajouter encore, produira le nombre quatre-vingt-dix-neuf ; mais cette lettre, la onzième, par ordre alphabétique, se déplaça, allant chercher partout une autre lettre qui lui fût semblable, afin de completter le nombre douze ; elle y parvint enfin.

Je ne doute point, mon ami, que ce ridicule système, où la sottise cherche à se donner des airs de science, n’ait excité parfois votre gaieté en passant sous vos yeux. Il faut toutefois déplorer comme un malheur l’opposition d’une doctrine où le culte de Dieu, où l’idée de sa puissance et de sa grandeur, sont ravalés et dépendent de l’arrangement de quelques lettres de l’alphabet et des calculs de quelques nombres. N’est-ce point se condamner d’avance soi-même, que de quitter le sein de l’Église pour quelques contes d’enfants ? Saint Paul nous a recommandé de fuir soigneusement de tels gens. L’anathème de saint Jean, disciple bien-aimé du Seigneur, s’unit à la voix de Paul ; celui qui salue les hérétiques communique à leur œuvres, car le Seigneur lui-même a dit : « Il n’est point de salut pour l’impie. » Ne vivent-ils pas dans l’impiété ? La conduite de ces novateurs n’est-elle pas plus misérable que celle des impies, qui font naî-