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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/148

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raison serait d’autant plus juste, que s’il fallait en croire certaines personnes, Sophia ne serait autre que le serpent infernal qui inspire aux hommes la science du mal opposée à la science du vrai : bien plus, nous porterions en nous-mêmes le type du serpent dans la forme de nos intestins, qui sont les organes de notre alimentation et de la conservation de notre corps.


CHAPITRE XXXI.


Des caïnites.


Cette secte donne à Caïn pour créateur une puissance supérieure du ciel ; ils donnent à celui-ci pour alliés Ésaü, Coré, les Sodomites et tous les hommes aussi dépravés : c’est pour cela qu’ils sont les ennemis naturels de Dieu ; mais quant à eux ils accueillent quiconque se range de leur parti. Ils comptent parmi les chefs Sophia, qui tempère par sa sagesse leurs inclinations perverses. C’est elle qui aurait inspiré le traître Juda, et qui l’aurait aidé, en lui faisant connaître le secret de la vérité, à accomplir le mystère de son infâme trahison, dont l’effet aurait été, selon eux, de bouleverser l’harmonie des choses célestes et des choses terrestres. C’est cette œuvre d’iniquité qu’ils nomment l’évangile de Juda.

C’est Histera, selon ces sectaires, qui serait le créateur du ciel et de la terre. Ils prétendent qu’on ne peut être sauvé si l’on ne s’est essayé au mal comme au bien ; c’était aussi le système de Carpocrate. Les anges même nous assistèrent et nous aidèrent à commettre l’iniquité, parce que nous les invoquions dans le moment même de l’action. Commettre le mal sans crainte et sans remords, c’est là, à les en croire, la science parfaite.

Ainsi l’objet de ce premier livre a été d’exposer aux regards et de disséquer tout le corps infect, composé de toutes les fausses doctrines des hérésiarques. Les faire bien connaître, c’est déjà les avoir à moitié réfutés. Il en est à cet égard comme