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contraire Bythus remplit et éclaire l’universalité des êtres, qu’ils ne nous parlent plus ni de vide ni d’ombre.

Il est donc impossible de trouver, d’après le système de nos adversaires, un lieu quelconque où l’on supposerait que l’Æon qu’ils nomment Sophia se serait retiré à l’écart pour procéder à la création des images du Plerum, puisqu’il n’y a rien hors du Dieu suprême qui comprend tout, ou hors du Plerum, qui embrasse tout ce qui existe : le vide et les ténèbres ne peuvent pas mieux se supposer, parce que le Père, qui est avant tout, ne peut avoir laissé envahir aucune partie de l’univers par les ténèbres ou par le vide. C’est même une impiété de la part de ces hérétiques, de supposer un lieu, un point de l’univers, où la puissance de celui qu’ils nomment le Propator, le Proarque, le Père universel, ou le Plerum, ne pourrait se faire sentir ; ils ne sauraient non plus soutenir avec plus d’apparence de raison que c’est un autre que le Père qui aurait, dans le sein du Père ou hors de là, créé toutes choses avec son consentement ou contre sa volonté : nous avons démontré plus haut l’absurdité de cette supposition. N’est-ce pas, en effet, une impiété et une folie, de dire qu’une aussi admirable création aurait été faite, soit par les anges, soit par quelque autre puissance, qui n’aurait pas connu le Dieu souverain et véritable ; ou bien que ces créations auraient eu lieu en dehors du Plerum, attendu que le Plerum est tout immatériel et embrasse tout, lorsque les créations sont, au contraire, matérielles et physiques pour la plupart ; ou bien encore que ces créations, qui sont d’une multiplicité et d’une variété infinies, ne seraient que des images des Æons ou du Plerum qui ne comportent qu’une substance unique et uniforme ; ou bien encore, que ces créations ne seraient qu’une ombre ou qu’un résultat du vide ? Ainsi, nous avons démontré que toute leur doctrine, sur ce point, n’est que chimère et contradiction, et que ceux qui la soutiennent courent à une perdition inévitable.