Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/180

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considéré comme un être distinct de lui-même. Si d’ailleurs ils représentent cette essence comme étant étroitement unie au Propator, pourquoi la mettent-ils au rang des Æons, qui eux-mêmes ne lui sont point consubstantiels ? Ne voient-ils pas qu’en agissant ainsi ils attaquent l’infinité du Propator ? Et si cette essence lui est consubstantielle, il faut en conclure nécessairement qu’elle lui est unie par des liens indissolubles, qu’elle ne fait qu’un avec lui, qu’elle en est inséparable, et qu’elle est semblable à lui. Cela étant démontré, Nus et Aletheia, de même que Bythus et Sigée, ne feront qu’un seul et même être, restant constamment inséparables. L’idée de l’un renferme l’idée de l’autre, de même que l’eau renferme l’idée de l’humide ; le feu, l’idée de la chaleur ; la pierre, l’idée du solide ; parce que ces choses sont coexistantes et consubstantielles. C’est ainsi qu’il faut entendre la coexistence de Bythus et d’Ennoia, de Nus et d’Aletheia. Ajoutons qu’il faudra encore considérer comme ne faisant qu’un seul et même être, Logos et Zoé. D’après cela, Anthropos et Ecclesia, et chaque création d’Æon à double partie devra être regardée comme ne faisant qu’un tout, formé de deux parties ; car, d’après leur système même, chaque partie femelle des Æons coexiste avec sa partie mâle, puisqu’elle n’est en quelque sorte que sa propre pensée et comme l’amour d’elle-même.

Puisque telles sont les conséquences qui se déduisent de leur propre système, comment peuvent-ils prétendre que le plus jeune des Æons, qui forme la duodécade, et qu’ils nomment Sophia, aurait pu, sans union avec sa femelle, qu’ils nomment Théletus, concevoir un être femelle, auquel ils donnent le nom de femme. Leur esprit s’égare à tel point, qu’ils ne s’apperçoivent pas qu’ils tirent du même principe deux conséquences entièrement contraires. Car si Bythus est inséparable de Sigée, Nus d’Aletheia, Logos de Zoé, et tous les Æons de la même manière d’avec leur partie femelle, comment Sophia, qui est aussi un Æon, aurait-il pu, sans l’union avec sa propre femelle, concevoir et engendrer ? Mais si l’on admet que l’Æon Sophia a pu engendrer sans sa femelle, il faudra admettre la même fa-