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création d’Ennoia, de l’enthymèse et des autres affections, qui ne sont autre chose que des modifications de Nus lui-même ? Si on les désigne par une autre expression, ce n’est point pour indiquer un être différent, mais seulement une extension du même être, le sens intime, qui produit des pensées diverses et qui les domine, restant toujours le même.

Nous donnons le nom d’Ennoia à la naissance de la pensée ; si cette pensée croît et se développe et préoccupe l’âme, elle prend le nom d’enthymèse. Cette enthymèse prend-elle une certaine consistance et une certaine durée, elle devient une pensée complète ; cette pensée, recevant ensuite son complément de la volonté, devient une réflexion : si l’esprit la retient et s’y complaît, elle passe à l’état de Verbe et se produit au dehors. Mais toutes ces opérations de la pensée procèdent toujours d’un même principe, c’est-à-dire de Nus, et ne sont que ses modifications. C’est ainsi que le corps de l’homme reçoit des désignations et des noms différents, selon qu’il est jeune, qu’il est viril ou vieux, sans indication pour cela de changement de substance ou d’extinction totale. Il en est de même à l’égard de l’âme. Le sentiment engendre la pensée ; la pensée fait naître la réflexion ; la réflexion se change en acte de la volonté ; la volonté en exercice de cette même volonté, et devient ensuite la parole. Mais c’est toujours Nus, quoique invisible, qui est le principe de toutes ces opérations, et qui produit le Verbe, qui se détache de lui comme le rayon de son foyer. Lui-même ne se détache pas et ne provient pas d’un autre foyer.

D’ailleurs, ils parlent de Dieu comme ils parlent de l’homme, qui est composé de deux natures, savoir : d’un corps et d’une âme ; ainsi, quand ils nous disent qu’Ennoia a été procréée par le souverain des êtres, que Nus est procréé d’Ennoia, et Logos de Nus, il est certain qu’ils emploient mal à propos l’expression procréer. Ensuite ils prêtent à tort à Dieu, qu’ils ne connaissent pas, les passions, les affections et les sentiments de l’homme. Ils font de Dieu un simple homme, tout en disant que personne ne le connaît, que ce n’est pas lui qui a créé le monde, ensorte que sa puissance ne serait qu’une chimère. Mais s’ils avaient la con-