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qui participe à sa nature parfaite et impassible soit impassible et parfait.

Qu’on ne vienne pas nous dire que Logos, n’étant né que le troisième du Père, a pu ignorer le Père, ainsi qu’ils l’enseignent. Cette assertion, qui peut être vraie dans l’ordre de la génération humaine, puisqu’il y a des enfants qui ne savent pas qui est leur père, est inadmissible relativement au Verbe du Père. Car si, étant dans le sein du Père, il ignorait le Père, il s’ignorerait alors lui-même, étant consubstantiel au Père ; et de même toutes les émanations de lui-même, qui sont toujours coexistantes avec lui, ne pourront l’ignorer ; c’est comme si l’on se figurait le soleil sans rayons. Il ne peut donc tomber sous le sens que Sophia, étant une émanation du Père et faisant partie du Plerum, ait pu être sujette à la passion et à l’erreur. Nous concevons très-bien, au contraire, que la Sophia, ou la Sagesse des valentiniens, qui n’est qu’une inspiration du démon, soit sujette à toutes sortes de passions mauvaises et d’erreurs. Et ne nous déclarent-ils pas eux-mêmes que leur mère Achamoth a été le produit de l’égarement d’un Æon ? Comment donc pourrions-nous être étonnés si ceux qui se disent ses enfants flottent sans cesse dans un abîme d’erreurs ?

Quoique ces sortes de choses aient été assez débattues entre nos adversaires et nous, je n’ai pas découvert qu’il fût question, dans leur système, d’autres essences divines que celles dont nous venons de parler, ni de quelque autre puissance supérieure. Mais quant aux difficultés et aux contradictions dont nous venons de parler, ils ne répondent qu’une chose, savoir : que dans la génération de leurs divinités et de leurs Æons, chacun d’eux n’a connu que celui dont il descendait immédiatement, ignorant tout ce qui était avant son procréateur. Après cela ils ne s’inquiètent nullement de savoir comment ont eu lieu ces procréations, et comment elles sont possibles dans l’ordre des esprits ; mais ils les tiennent pour réelles, bien qu’elles blessent la raison et le sens commun, et ils veulent que l’imperfection et l’ignorance des Æons aient