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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/205

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CHAPITRE XVIII.


Il est absurde de supposer que Sophia ait été plongée dans l’ignorance et dans la souffrance, ou qu’elle ait couru de grands périls pour s’être mise à la recherche du Père : on ne peut pas mieux supposer que son enthymèse se soit séparée d’elle pour revêtir une existence particulière et distincte.


N’est-ce pas encore une folie, de la part de nos adversaires, de soutenir que leur Æon Sophia aurait été plongé dans l’ignorance, et aurait dégradé dans la passion sa nature divine ? Ces suppositions se détruisent les unes les autres : car là où se trouve l’imprévoyance et l’ignorance de ce qui est bien, là ne se trouve pas Sophia, ou la Sagesse. Qu’on cesse donc de représenter Sophia comme un Æon livré aux passions. Ou Sophia est un Æon resté pur, ou bien il n’est pas Sophia. Qu’on ne dise pas non plus que le Plerum est le séjour des purs esprits, si l’on y admet cet Æon qu’on dit s’être livré aux passions charnelles.

De plus, comment serait-il possible que l’enthymèse de cet Æon, ou son âme, comme ils le prétendent, ne faisant qu’un avec sa passion, en eût été séparée ? car l’enthymèse, par sa nature, est consubstantielle à l’être auquel elle est réunie, et elle ne saurait jamais en être séparée : la partie viciée de cette enthymèse sera corrigée par la partie saine, de même que la santé chasse la maladie. Or, vers quoi se dirigeait l’enthymèse de Sophia dans sa première effervescence passionnée ? Elle recherchait le Père et voulait contempler son immensité. Pourquoi tomba-t-elle ensuite dans le découragement et la langueur ? Parce qu’elle n’avait pu trouver le Père, qui est de sa nature incompréhensible. Cette recherche du Père, de la part de Sophia, était donc funeste pour elle ; et c’est pour cela qu’elle serait devenue capable de souffrance ! Mais dès qu’elle s’est apperçue qu’il était introuvable, ne devait-elle pas revenir à la sagesse