Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/231

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pourquoi l’un en a un tel nombre, un autre un tel autre nombre ; car les uns en ont beaucoup, tandis que les autres en ont peu ; ceux-ci les ont longs ; ceux-ci les ont courts, etc. Si ensuite, croyant avoir établi le calcul du nombre des cheveux, ce même homme voulait établir là dessus des preuves de l’excellence de sa théorie, ne passerait-il pas à bon droit pour un fou ? Supposons encore qu’un autre prenne occasion de ce passage de l’Évangile, où il est dit : « Deux passereaux ne se vendent-ils pas une obole ? l’un d’eux ne tombera pas sur la terre sans la volonté de votre Père. » Pour vouloir supputer le nombre des passereaux pris dans tous les pays, ou bien dans chaque pays en particulier ; et ensuite, vouloir dire la raison pour laquelle tant ont été pris avant-hier, tant hier, tant aujourd’hui, et rattacher ce calcul sur les passereaux à quelque système de religion, n’est-il pas évident que cet homme s’abuse d’abord lui-même, et qu’il conseille d’embrasser une insigne folie à ceux qui l’écoutent et qui ne manqueront pas de renchérir encore sur leur maître pour paraître plus savant que lui ?

Autre exemple : qu’on nous demande si nous pensons que Dieu connaît le nombre de toutes les choses créées, et le nombre dont chacune de ces choses est composée, et que nous répondions que nous croyons qu’il en doit être ainsi, parce que rien de ce qui a été, de ce qui est, ou de ce qui sera ne saurait échapper à la prescience de Dieu ; car tout ce qu’il fait, il le fait avec dessein, avec mesure, avec une raison admirable qui apprécie tout et qui connaît tout. Eh bien ! partirait-on de notre aveu et de la réponse que nous avons faite à la question qui nous a été adressée, pour prétendre aller compter le nombre des grains de sable couvrant les rivages, le nombre des graviers répandus sur la surface de la terre, le nombre des flots de la mer, des étoiles du ciel, et ensuite vouloir dire la cause de tous ces nombres ! Celui qui se conduirait ainsi ne passerait-il pas à bon droit pour un insensé aux yeux de tous les gens qui ont le sens commun ? Et plus il occupe son esprit de semblables questions, plus il s’enfonce dans sa folie et regarde en pitié