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opposition en Palestine contre les apôtres le conduisit dans l’Asie proconsulaire. Il espérait là plus de liberté, car, quoique on doive le considérer comme chrétien judaïsant, il se plaçait trop au-dessus du vulgaire, pour vouloir se rattacher à ce parti, d’ailleurs nombreux en Palestine. Il joignait au Christianisme des principes de l’école d’Égypte et de la philosophie orientale. Avec Philon, la Kabbale, le Zend-Avesta et tout l’orient, il admettait entre l’Être suprême et le monde matériel une distance et une antipathie trop grande pour attribuer au premier la création du second. Une puissance inférieure, qui ne connaissait pas l’Être suprême, et qui en était séparée par une série d’Æons, avait créé le monde.

Simon avait considéré le judaïsme comme l’institution d’un esprit secondaire, d’un de ces anges auxquels Cérinthe attribua le monde. Cérinthe regarda l’auteur de la loi, non-seulement comme un agent subalterne, mais comme un mauvais esprit.

Précurseur des gnostiques, Cérinthe paraît avoir été celui des ébionites. Les nicolaïtes furent encore une branche de la gnôsis.

Ce fut sous le pontificat d’Anicet, contemporain de saint Polycarpe, qu’avait formé saint Jean, que se montrèrent les écoles des gnostiques. C’était vers l’année 120 de notre ère. On les vit bientôt s’élever en Syrie comme en Égypte, en Italie comme en Asie mineure.

Si nous donnons aujourd’hui à tous ces dissidents le nom commun de gnostiques, ce n’est pas qu’ils l’aient pris eux-mêmes, ni qu’ils l’aient tous mérité au même degré, ni qu’ils se soient tous considérés comme des