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a voulu se réserver à lui seul, ainsi que le Fils l’a annoncé, la connaissance du jour et de l’heure du jugement, quelle raison convenable et possible pourrait-on en donner, si ce n’est que c’est pour nous apprendre (car le Seigneur est le seul grand maître de toute science) que le Père est au-dessus de toutes choses. Car, a dit notre Seigneur, « le Père est plus grand que moi. » Aussi a-t-il annoncé, comme la foi nous l’enseigne, que le Père était au-dessus de toutes choses, afin que nous, pendant notre passage dans ce monde, nous sachions qu’il faut abandonner à Dieu la science parfaite et la solution de toutes ces hautes questions, de peur qu’en cherchant à pénétrer dans les profondeurs de Dieu nous ne nous exposions à le blasphémer, en supposant l’existence d’un autre Dieu que lui.

Mais peut-être quelque ardent disputeur voudra-t-il argumenter de ce que nous avons dit, en rapportant les paroles de l’apôtre, « que ce que nous avons maintenant de science et de prophétie est très-imparfait ; » et partant de là, prétendra-t-il posséder lui-même, non point la science partielle, mais la science universelle, comme l’ont voulu faire croire un Valentin, un Ptolémée, un Basilide, ou quelqu’autre semblable docteur, se vantant d’avoir pénétré dans toutes les profondeurs de la science divine. Mais, puisque dans le délire de sa vanité il se vante d’avoir fait plus de découvertes que les autres, nous lui demanderons, laissant de côté la thèse des choses immatérielles qui ne peuvent être vues des yeux du corps, et ramenant la question sur les choses matérielles de ce monde qui sont sous nos yeux, et que cependant nous sommes condamnés à ignorer, tels que le nombre des cheveux de notre tête, ou le nombre de passereaux qui sont pris chaque jour dans les filets des chasseurs, nous lui demanderons de nous supputer ces nombres, s’il veut que nous le croyions inspiré de la science du Père, lorsqu’il nous parlera des choses plus relevées. Or, si ceux qui sont parfaits ne peuvent pas même avoir la science des choses qui sont sous leurs mains, devant leurs pieds, devant leurs yeux, et qui ont une forme corporelle, par exemple, le nombre des cheveux de leur tête, comment pourrons-nous