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dans la pratique. L’école de Syrie, regardant la création comme l’ouvrage d’une puissance ennemie de Dieu, a dû se livrer à un ascétisme beaucoup plus rigoureux que celui de l’école d’Égypte qui, avec son mépris des lois du judaïsme, en est venue jusqu’au mépris des lois morales et de toute législation positive, à la législation de la nature.

L’école de Marcion, qui est la troisième, est une émanation des écoles de Syrie et d’Égypte ; elle s’en distingue pourtant par ses tendances plus pratiques et par une sorte d’éloignement pour les spéculations purement métaphysiques. Ainsi que celles d’Égypte, elle s’est partagée à son tour en plusieurs branches, et ce phénomène était d’autant plus inévitable qu’originaire à la fois de la Syrie et de l’Asie mineure, elle se forma à Rome, se répandit delà en Égypte, en Syrie, en Palestine et dans plusieurs autres contrées.

Puisque nous avons parlé de l’école de Syrie, il est bon de faire connaître la cosmogonie phénicienne, telle que la présente Sanchoniaton, parce qu’elle a eu de l’influence sur le gnosticisme syrien.

Selon Sanchoniaton, le principe de toute chose est un être moitié matériel, moitié spirituel ; c’est à la fois un air ténébreux, animé, fécondé par l’esprit et un chaos désordonné couvert de ténèbres. Ce principe est infini.

L’esprit fut bientôt saisi du désir de s’unir avec ses propres principes, et cet amour a été l’origine de la création. La première union produisit le mot, la matière ou la mère qui servit à créer, d’où s’échappa toute semence