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et n’adoriez et n’honoriez les choses que le Seigneur a créées pour l’ornement de l’univers. » C’est ainsi que parlait Moïse, qui était le ministre de Dieu, et qui fut considéré lui-même comme un Dieu par Pharaon. Mais les prophètes, loin de le considérer comme Seigneur et Dieu, l’ont nommé, parlant au nom du Saint-Esprit, le fidèle ministre et serviteur de Dieu ; ce qu’il était en effet.


CHAPITRE VII.


L’auteur répond à une objection tirée d’un passage de saint Paul, dans son épître aux Corinthiens (IV - 5.) Et il fait voir que l’apôtre s’exprime souvent dans un langage figuré et par transposition de mots.


Les hérétiques prétendent trouver contre nous une objection dans le passage suivant de saint Paul : « Et pour ces infidèles dont le Dieu du siècle a aveuglé les esprits… » Et ils disent que le Dieu du siècle dont parle saint Paul est nécessairement un Dieu différent du Dieu tout-puissant et infini de qui tout procède. Mais que pouvons-nous répondre à des gens qui assurent qu’ils sont en état de pénétrer les mystères les plus incompréhensibles, et qui ne peuvent pas même comprendre saint Paul ? Ceux qui sont familiarisés avec la lecture de cet apôtre savent qu’il fait souvent usage de la transposition de mots ; ainsi on lira la phrase citée ci-dessus en détachant les deux premiers mots, dont Dieu ; ensuite, liant ensemble les mots qui composent la phrase, on lira : a aveuglé les esprits des infidèles qui vivent dans ce siècle ; comme s’il y avait, Dieu a aveuglé les esprits des infidèles de ce siècle. Il suffit, comme on voit, d’une légère distinction pour trouver le véritable sens ; car saint Paul, en disant Deum sæculi, ne veut point parler d’un dieu autre que le vrai Dieu, puisqu’il ne proclame jamais d’autre dieu que Dieu même ; mais il parle seulement des infidèles qui vivent dans ce siècle, et qui n’auront point part à la vie éternelle. Maintenant que nous avons