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dèles, que par saint Luc seulement, afin que l’autorité de cet évangéliste, se trouvant fortifiée par les actes et par la doctrine des apôtres même, devînt une règle immuable de la vérité qui est nécessaire au salut. L’autorité de saint Luc est donc irréfragable, et la doctrine des apôtres est évidente et inaltérable, elle est la même pour tous, elle n’a rien de caché pour personne.

Et c’est ici le lieu de dévoiler la conduite de ces faux docteurs, de ces hypocrites qui mettent en œuvre toute espèce de moyens pour séduire les âmes : en un mot, la conduite des partisans de Valentin. On les voit se mêler au commun des fidèles, leur tenir des discours dangereux, par lesquels ils séduisent et trompent les plus crédules ; ils vont même jusqu’à imiter nos prédications, afin de se faire plus facilement écouter. Qu’arrive-t-il de là ? C’est qu’on vient se plaindre à nous, en nous reprochant de traiter ces faux docteurs d’hérétiques et de nous séparer d’eux, puisqu’ils sont dans les mêmes sentiments que nous et professent la même doctrine. Et s’il leur arrive de détacher quelques fidèles de notre communion, en les embarrassant dans des questions qui sont au-dessus de leur portée, ils se vantent de cette conquête en disant qu’elle est un effet de la sublimité de leur éloquence. Car un grand nombre s’abusent en se croyant capables par eux-mêmes de saisir le véritable sens des choses dans l’expression matérielle des mots. L’erreur, pour séduire, se présente souvent sous des apparences que l’on peut prendre pour la vérité, et qui ne sont cependant que ténèbres : la vérité, au contraire, est dégagée de toute invraisemblance, et c’est pourquoi elle est à la portée des enfants même. Or, s’il arrive à ces faux docteurs que quelqu’un leur demande des éclaircissements ou leur propose une difficulté, ils lui disent pour toute réponse qu’il ne comprend pas la vérité, qu’il n’a pas reçu la lumière d’en-haut et de ce qu’ils appellent leur Mère, et ils lui reprochent de ne pas savoir prendre un parti, et d’être ce qu’ils appellent un Psychique. De plus, si quelque pauvre brebis vient à tomber par hasard dans leurs piéges, d’embrasser leurs fausses doctrines et à se faire initier dans leurs coteries, dès ce moment, ce fidèle égaré devient un tout autre