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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/355

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le fils du Dieu vivant, ajoute qu’il faut que comme Christ il souffre beaucoup sur la terre et qu’il soit crucifié. Aussitôt il blâme Pierre qui, se laissant aller à un sentiment purement humain, cherchait à le détourner de sa passion, et il dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, qu’il prenne sa croix, et me suive. Celui qui voudra sauver sa vie la perdra ; et celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. » Or, le Christ, en sa qualité de Sauveur des hommes, parlait ici de ceux qui sacrifiaient leur vie pour confesser qu’il était le Christ.

Si le Christ, pour parler comme les gnostiques, ne devait pas souffrir la passion, mais bien se séparer de la personne de Jésus et retourner dans le ciel, alors à quoi bon exhorter ses disciples à porter leur croix et à le suivre, puisque lui-même ne devait pas porter la croix ni souffrir la passion ? Et pour montrer qu’il entend parler, non point seulement d’une souffrance toute spirituelle, mais de la passion qu’il doit souffrir sur la terre (car il en est qui soutiennent cette bizarre distinction), il ajoute : « Celui qui voudra sauver sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. » C’est en prévoyant que ses disciples souffriraient pour la foi du Christ, qu’il disait aux Juifs : « Voilà que je vous enverrai des prophètes, et des sages, et des docteurs, et vous ferez périr plusieurs d’entre eux, et vous les crucifierez. » Il disait à ses disciples : « Et vous serez conduits devant les magistrats et devant les rois pour me rendre témoignage devant eux et devant les nations, et ils vous flagelleront, et ils vous feront périr, et ils vous poursuivront de ville en ville. » Il savait donc que pour lui ils souffriraient la persécution, qu’ils seraient flagellés et mis à mort ; et il entendait bien parler de cette passion qu’il devait souffrir lui-même le premier et ses disciples ensuite, lorsqu’il les exhortait en leur disant : « Ne craignez point ceux qui tuent le corps et ne peuvent tuer l’âme, mais plutôt craignez celui qui peut précipiter l’âme et le corps dans l’enfer. » Il les engageait en même temps à garder ses préceptes ; car il promettait qu’il avouerait devant son père,