Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/376

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

possible au démon), et c’est avec cette promesse qu’il leur donnait la mort. Mais Dieu a racheté l’homme de son esclavage, et a chargé de liens éternels celui qui avait tenu l’homme captif.

Adam est donc ce premier homme, le premier créé, dont l’auteur de toutes choses a dit, au moment de sa formation, ainsi que l’Écriture le rapporte : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance. » Or, nous descendons tous de ce premier homme ; et c’est pour cela que nous nous appelons tous hommes, comme Dieu l’avait nommé lui-même. Mais puisque l’humanité obtient le bienfait du salut, n’est-il pas juste que l’homme, qui le premier a été créé, soit sauvé ? Il serait peu raisonnable, en effet, que celui qui le premier a été victime des embûches de l’ennemi, et qui le premier a été retenu captif, ne fût pas délivré le premier par celui qui a vaincu son ennemi, lorsque ceux qui sont venus après lui, et qui sont nés pendant sa captivité, recouvrent leur liberté. Et cet ennemi ne conserverait-il pas encore les avantages de la victoire, tant qu’il retiendrait les trophées de son premier triomphe ? Je suppose que des guerriers aient vaincu leurs ennemis, qu’ils aient emmené ceux-ci en esclavage, qu’ils les y aient retenus longtemps, ensorte que pendant leur servitude les captifs se soient multipliés et aient eu beaucoup d’enfants ; enfin, un héros généreux, ayant pitié de leur sort, vient combattre leurs ennemis pour briser leurs chaînes. Or, serait-il juste dans sa victoire, s’il se contentait de rendre à la liberté les enfants de ceux qui avaient été emmenés en esclavage, et s’il y laissait leurs pères qu’il était venu venger ? Quoi ! ce serait dans le triomphe de la cause de leurs pères que les enfants auraient recouvré leur liberté, et leurs pères continueraient à demeurer dans la servitude dont ils ont supporté toutes les rigueurs ? Comment donc croire que Dieu, qui est venu au secours de l’homme pour lui rendre sa liberté, serait moins juste ou moins généreux qu’un guerrier humain ?

Aussi, dès le commencement et lors de la faute d’Adam, suivant le récit de l’Écriture, ce n’est pas contre Adam même que