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grand, et il ne se repose pas dans son iniquité. Mais lorsqu’une voix du ciel lui demande : Où est ton frère, il répond : « Je n’en sais rien ; suis-je le gardien de mon frère ? » Il aggrave ainsi son crime par cette réponse impudente. Car, si c’est un crime de tuer son frère, c’en est encore un plus grand de répondre ainsi avec audace et impudence à Dieu qui sait tout. C’est pourquoi il a porté la peine de son crime, parce qu’il n’a pas respecté Dieu et qu’il ne s’est pas repenti d’avoir tué son frère.

Mais la conduite d’Adam, loin d’avoir été pareille, a été, au contraire, tout opposée. Séduit d’abord par la promesse que le démon leur avait faite de les rendre immortels, Ève et lui, tout à coup il est saisi de crainte, il se cache ; il sait cependant qu’il ne peut se cacher à Dieu, mais il est confus de sa faute et il se considère comme indigne de paraître en sa présence. Or, la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse ; le sentiment de la faute commise fait le repentir, et Dieu use de sa bonté envers ceux qui se repentent. Or, Adam aussitôt après sa faute, témoigne son repentir par sa conduite ; il commence par couvrir son corps avec des feuilles de figuier, lorsqu’il était libre de prendre des feuilles d’autres arbres, qui ne lui auraient causé aucune sensation incommode ; mais, frappé de la crainte de Dieu, il se fait un vêtement en rapport avec la tristesse de son âme ; il réprime l’aiguillon de la chair, qui commence à se faire sentir en lui, parce que par le péché il vient de perdre son innocence et qu’il est livré aux pensées mauvaises. Sa compagne et lui répriment leurs désirs, ils tremblent devant Dieu, ils attendent avec effroi sa présence ; et Adam semble lui dire : Seigneur j’ai perdu par mon péché mon vêtement d’innocence que votre esprit m’avait donné, je reconnais que je mérite maintenant ce vêtement d’humiliation, qui me cause à moi une douleur cuisante. Et, dans le sentiment de son humiliation, il n’aurait pas quitté ce vêtement, si Dieu, dans sa bonté, ne leur avait permis de se vêtir d’une tunique de peau en place des feuilles de figuier. Il les interroge d’abord l’un et l’autre ; et l’accusation retombe sur la femme qui rejette à son