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même la divinité et en exclut l’idée. Si le Dieu qui juge n’est pas bon en même temps, dès lors, il n’est pas Dieu ; car la bonté est un attribut essentiel de la Divinité ; et réciproquement, si celui des deux qui possède la bonté ne sait pas être juste, il ne sera plus Dieu, parce qu’il n’y a pas de Dieu sans justice. Quand on dit que l’auteur de toutes choses est aussi l’auteur de toute sagesse, comment cela pourrait-il être, si on ne lui attribuait pas en même temps la justice ? S’il est sage, c’est qu’il apprécie et discerne ; s’il apprécie et discerne, c’est qu’il juge ; s’il juge, il rend donc à chacun la justice qui lui est due. La justice suppose un jugement ; et le jugement rendu avec justice devient sagesse. De là il suit que le Dieu tout-puissant doit surpasser infiniment en sagesse et les anges et les hommes et toutes les créatures, puisqu’il est à la fois le Seigneur, le juge, le juste, et le dominateur suprême. Il est bon, il est miséricordieux, il est patient et il sauve ceux qui méritent d’être sauvés. Quand il est juste, ce n’est aux dépens ni de sa bonté ni de sa sagesse ; il récompense et punit toujours justement. Il est à la fois bon et juste.

Or, celui qui distribue pour tous les rayons de son soleil et les gouttes de sa rosée, jugera sévèrement ceux qui, après avoir été comblés de ses dons, n’ont pas mené une vie qui réponde à ses bontés à leur égard ; qui, vivant dans le luxe et la débauche, ont encore blasphémé contre Dieu, qui les comblait de biens.

Un païen célèbre, Platon, s’est montré bien plus religieux que les hérétiques de nos jours ; il a proclamé un seul Dieu comme l’auteur de toute justice, de toute bonté, de toute puissance : « Dieu, selon un axiôme aussi ancien que le monde, est le commencement, la fin et le milieu de tout ce qui existe, donnant à chaque chose sa perfection relative ; sa justice vengeresse ne manque jamais de frapper ceux qui enfreignent ses lois divines. » Et dans un autre endroit, il signale la bonté de cet architecte suprême, en disant que Dieu par cela qu’il est la bonté même, ne peut connaître aucune jalousie. La bonté de Dieu se manifeste dans la création même du