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condamné les fausses traditions inventées par les pharisiens, abandonnant ainsi la loi de Dieu pour lui en substituer une autre de leur façon, dans laquelle ils ont ajouté, retranché, et donné des explications suivant leurs caprices. Cette loi, dit saint Irénée, se nomme encore aujourd’hui[1] pharisaïque, et c’est celle surtout, dont se servent pour tromper les peuples, les docteurs des Juifs.

La circoncision non plus que les autres pratiques de l’ancienne loi, ne pouvaient conférer par elles-mêmes la justification parfaite ; ainsi, c’est avec raison que Jésus-Christ en a exempté les Chrétiens, d’autant plus que les motifs pour lesquels elles avaient été établies ne subsistaient plus[2]. Il ne les a pas laissés néanmoins sans aucun sacrifice ; mais, à la place des victimes que l’on offrait dans l’ancienne loi, il a substitué le sacrifice de son corps et de son sang. Car, prenant le pain, qui est l’ouvrage de Dieu, il dit : Ceci est mon corps ; de même, prenant le calice, il déclara que ce qu’il contenait était son sang, et enseigna ainsi la nouvelle oblation du nouveau Testament, cette oblation que l’Église a reçue des apôtres, et qu’elle offre à Dieu par toute la terre, suivant ce qui a été dit par le prophète Malachie : Du levant au couchant mon nom est glorifié parmi les nations, et en tout lieu on offre en mon nom la victime et le sacrifice pur[3]. Il n’y a que l’Église qui offre cette oblation pure au Créateur ; les Juifs n’ont plus de sacrifices, parce qu’ils n’ont pas reçu le Verbe, qui est lui-même la victime.

Toutefois, les hérétiques du temps de saint Irénée étaient convaincus, de même que les catholiques, de la réalité du corps et du sang de Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Le passage suivant de saint Irénée le prouve clairement, lorsqu’il dit[4] : Comment pourront-ils être assurés que le pain de l’Eucharistie est le corps de leur Seigneur, et que ce qui est dans le calice est son

  1. Irén., liv. IV, ch. 8.
  2. Ibid., liv. IV, ch. 16.
  3. Ibid., liv. IV, ch. 17.
  4. Ibid., liv. IV, ch. 18.