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dire que nous ne pouvons connaître Dieu que par Dieu ; mais qu’il soit connu de cette manière, c’est un acte de la volonté du Père ; et cette révélation s’opère par le moyen du Fils.

Voilà donc pourquoi le Père a révélé le Fils comme un moyen de se manifester lui-même aux hommes, et afin que les justes, qui croiront en lui, puissent se rendre dignes de la vie éternelle. Or, croire en lui, c’est obéir à ses commandements. Mais pour ceux qui ne veulent pas croire en lui, et qui par cela même fuient la lumière et font voir par-là qu’ils préfèrent les ténèbres, il les plongera dans un lieu de ténèbres. Le Père s’est donc révélé à tous en rendant son Verbe visible à tous ; et le Verbe en même temps, en se manifestant lui-même à tous, manifestait à la fois le Père et le Fils. Aussi Dieu jugera-t-il tous les hommes, parce que tous ont vu également, mais tous n’ont pas cru de même.

Le Verbe, en manifestant sa propre substance, manifeste en même temps un Dieu créateur ; la vue du monde prouve elle-même son auteur, la création prouve le créateur, le Fils démontre l’existence du Père qui l’a engendré. Ces vérités sont les mêmes pour tous les esprits, et cependant tous les esprits ne croient pas également. Le Verbe, en s’annonçant lui-même par la loi et les prophéties, annonçait en même temps son Père à tous, mais tous n’ont pas cru également : le Père se rendait visible, et en quelque sorte palpable, par son Verbe, malgré l’incrédulité d’un grand nombre. Mais tous ont vu le Père dans le Fils ; car le Père est invisible hors du Fils, et il n’est visible que dans le Fils. Tous ceux qui voyaient le Christ, nommaient Dieu en parlant du Christ : tandis que les démons, tout en voyant le Fils, se refusaient à nommer Dieu, et disaient : « Je sais qui tu es, le Saint de Dieu. » Et lorsque Satan tenta le Christ, il lui dit, quoiqu’il sût bien qui il était, si tu es le fils de Dieu. Tous voient donc et nomment le Fils et le Père, mais tous ne croient pas également.

Il fallait que la vérité reçût le témoignage de tous, pour devenir ainsi une sentence de salut pour les croyants et une sentence de condamnation pour ceux qui ne croient pas ; de cette