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tice. » Et le salut d’Abraham ne nous est-il pas confirmé par notre Seigneur lui-même ? pour prouver que la puissance de Dieu pourrait faire sortir des pierres mêmes des enfants de la foi d’Abraham, et faire que sa postérité fût comme les étoiles du ciel, il dit : « Or, je vous dis que plusieurs viendront d’orient et d’occident, et s’assieront, avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux ; » et un peu après il dit encore aux Juifs : « Quand vous verrez qu’Abraham, Isaac et Jacob, et tous les autres prophètes seront dans le royaume de Dieu, et que vous en serez chassés. » Il est donc certain que ceux qui nient la vérité du salut d’Abraham, et qui font intervenir un Dieu autre que celui que nous savons avoir fait à Abraham la promesse du salut, ceux-là s’excluent eux-mêmes du royaume de Dieu et de l’immortalité ; car ils blasphèment contre Dieu même qui a appelé dans son sein Abraham, et qui a promis le salut à toute sa race, c’est-à-dire à l’Église, qui, par la grâce de Jésus-Christ, reçoit l’adoption et l’héritage qui lui avaient été promis dans la personne d’Abraham.

Ainsi notre Seigneur, en sauvant la postérité d’Abraham, en la rendant à la liberté et l’appelant au bienfait du salut, comme en guérissant la femme le jour du sabbat, agissait toujours en vertu de sa même puissance ; ce qu’il manifesta en disant à ceux qui l’entouraient et qu’il savait n’avoir pas la même foi qu’Abraham : « Hypocrites, chacun ne détache-t-il pas son bœuf et son âne de la crèche les jours de sabbat, et ne les conduit-il pas à l’abreuvoir ? Et ne fallait-il point délivrer de son esclavage, au jour du sabbat, cette fille d’Abraham dont Satan s’était emparé, il y a dix-huit ans. » On voit donc que, sans porter aucune atteinte à la loi, le Christ délivrait des liens du démon et guérissait ceux qui avaient la foi d’Abraham le jour même du sabbat. Et d’ailleurs la loi ne défendait nullement de secourir pendant ce jour du sabbat ceux dont la position le réclamait, en même temps qu’elle voulait que les cérémonies religieuses prescrites fussent accomplies ; bien plus, elle ne défendait point de s’occuper de la guérison des animaux. Nous voyons que le Christ opéra souvent des guérisons le jour