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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/427

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point d’adultère, notre Seigneur a ajouté la défense du simple désir ; au précepte qui défend de tuer, il a ajouté la défense de la colère même ; au précepte de donner une partie de son bien aux pauvres, il a ajouté celui de donner tout ce qu’on a ; il a étendu l’amour du prochain jusqu’à aimer nos ennemis mêmes ; il nous recommande non-seulement de faire du bien à ceux qui nous en font, mais même à ceux qui nous font du mal : « Si quelqu’un, dit-il, vous ôte votre manteau, ne l’empêchez point de prendre aussi votre tunique ; donnez à tous ceux qui demandent ; et à celui qui vous prend votre bien, ne le redemandez pas. Et selon que vous voulez que les hommes vous fassent, faites leur aussi de même. » C’est-à-dire que nous ne devons pas nous affliger des pertes qui nous arrivent, et donner ce que nous avons avec joie, avec plus d’abondance cependant à nos proches, qu’à ceux qui sont envers nous en état de domesticité. « Et si quelqu’un, ajoute-t-il encore, vous force à faire avec lui mille pas, faites-en encore deux mille avec lui. » Ensorte que notre obéissance ne soit pas celle de l’esclave, mais celle de l’homme libre qui va de lui-même au devant de son ouvrage ; c’est ainsi que nous nous ferons tout à tous, ne réglant pas notre conduite sur la malice d’autrui, mais cherchant à perfectionner nos dispositions pour le bien, nous conformant en cela à la conduite de Dieu qui fait également lever son soleil sur les méchants comme sur les bons, et qui répand sa rosée pour les justes comme pour les injustes. C’était là, comme nous l’avons dit, accomplir la loi et non l’abolir, afin d’étendre son autorité jusque sur nous ; seulement plus le bienfait de notre délivrance est grand, plus grande doit être notre reconnaissance envers notre libérateur ; car ce n’était pas pour que nous nous éloignassions de lui qu’il nous a rendu notre liberté. Il nous serait impossible d’ailleurs de parvenir au salut sans son appui ; mais il nous a délivrés, afin que notre amour envers lui égalât le bienfait qu’il nous a rendu. Comme il voit toutes nos actions et qu’il les juge, il nous accordera d’autant plus de gloire que nous l’aurons aimé davantage.

Les préceptes de la loi naturelle, consignés dans l’ancien Tes-