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également la toute-puissance sur les régions inférieures, s’étant fait le premier-né des morts. C’est ainsi que tous les êtres qui lui sont soumis auront ressenti sa présence ; la lumière divine du Père, incorporée dans la chair du Christ, rayonne ensuite jusque sur nous ; c’est de cette manière que nous parvenons à l’incorruptibilité, préservés que nous sommes de la corruption par les rayons de la flamme divine.

Nous avons rassemblé précédemment une foule de preuves qui établissent que le Verbe, c’est-à-dire le fils de Dieu, n’a jamais cessé de coexister avec Dieu : il en a été de même de la Sagesse, c’est-à-dire de l’Esprit saint ; c’est lui-même qui dit à cet égard, par la bouche de Salomon : « Dieu a fondé la terre par sa Sagesse, il a créé les cieux par son intelligence. Par sa Sagesse il a creusé les abîmes ; les eaux sortent des mers, et les cieux répandent leur rosée. » Et dans un autre endroit : « Le Seigneur m’a possédée au commencement de ses voies ; avant ses œuvres j’étais. Dès l’éternité j’ai été sacrée, dès le commencement, avant que la terre fût. Les abîmes n’étaient pas, et j’étais engendrée ; les sources étaient encore sans eaux, les montagnes n’étaient pas encore affermies, j’étais engendrée avant les collines. » Et ailleurs : « Lorsqu’il étendait les cieux, j’étais là ; lorsqu’il entourait l’abîme d’une digue, lorsqu’il suspendait les nuées, lorsqu’il fermait les sources de l’abîme, lorsqu’il posait les fondements de la terre, alors, j’étais auprès de lui ; nourrie par lui, j’étais tous les jours ses délices, me jouant sans cesse devant lui, me jouant dans l’univers ; et mes délices sont d’habiter avec les enfants des hommes. »

Il n’y a donc qu’un seul Dieu qui, aidé du Verbe et de la Sagesse, a tout fait, tout coordonné : voilà le vrai Demiurgos qui a destiné ce monde à être le séjour du genre humain, qui, sous le rapport de sa grandeur et de son immensité, ne peut être compris par ses créatures (car aucun de ceux qui sont morts et de ceux qui vivent maintenant n’a pu mesurer la profondeur de son être), mais qui, sous le rapport de son amour pour nous, peut être compris par nous, à l’aide de la grâce du