Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/460

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criture combien était terrible la colère de Dieu, allumée par les iniquités du peuple d’Israël, qui transgressait sa loi, qui mettait à mort ses prophètes ; mais nous voyons aussi que cette colère de Dieu s’apaise comme par degrés, et que tout fait déjà pressentir la future venue du Seigneur sur la terre, pour faire cesser la loi donnée par Moïse, et commencer le règne plus calme et plus doux de celui dont il avait été dit qu’il ne briserait pas même une paille, et qu’il n’éteindrait pas le feu d’un morceau de lin qui brûle. Son avénement était annoncé comme devant ouvrir un règne de paix et de clémence. En effet, après le vent impétueux qui brise les montagnes, qui fait trembler la terre, qui allume le feu de la foudre, devaient venir, à la suite de l’apparition du Christ, des temps plus pacifiques, plus convenables au progrès et au perfectionnement de l’humanité par l’esprit de Dieu. Mais nous trouvons encore dans Ézéchiel la preuve de ce que nous disions relativement à la manière dont les prophètes avaient eu la vue de Dieu, sans voir réellement Dieu lui-même. En effet, Ézéchiel raconte la vision extraordinaire qu’il a eue ; il parle des chérubins, des roues et de leur marche mystérieuse, et de la ressemblance d’un trône qui était par-dessus, et sur ce trône une ressemblance comme l’aspect d’un homme, et cet éclat d’un métal resplendissant qui brillait depuis ses reins jusqu’à sa tête, et depuis ses reins et au-dessous, comme l’apparence d’un feu étincelant tout autour ; mais après le récit de tout le détail de sa vision, pour qu’on ne pense pas qu’il a voulu dire qu’il ait vu Dieu, il ajoute : « Telle fut la vision de l’image de la gloire du Seigneur. »

Il est donc certain que ni Moïse, ni Élie, ni Ézéchiel n’ont point vu Dieu, bien qu’ils aient été admis à voir beaucoup de choses du ciel. Ce qu’ils voyaient n’était que des images de la gloire de Dieu et des symboles prophétiques des choses futures ; car Dieu le père est invisible pour la créature, comme le Christ l’a dit : personne n’a jamais vu Dieu. Mais il est donné à son Verbe de laisser voir la gloire du Père et ses mystères, lorsqu’il le juge utile pour le salut des hommes ; car, comme il