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jeune vierge vêtue de blanc, ayant une mître sur la tête, d’où tombe sa longue et brillante chevelure. Je m’égarais avec ce bon Père parmi toutes ces rêveries innocentes, et même inspirées, comme on le croyait alors. C’était comme le rêve d’un homme assoupi, et il me semblait que j’étais moi-même le songeur de ces visions.

Ce ne fut que, lorsque dans le cours de ma lecture, je fus arrivé à cette partie de son ouvrage intitulée Préceptes et similitudes, qui lui fut révélée, à ce qu’il raconte, par son ange gardien, sous la forme d’un berger, que je m’éveillai pour revenir à l’objet immédiat de mes recherches. Il faut remarquer que ce Père est un de ces Chrétiens distingués auxquels saint Paul envoie ses salutations dans son épitre aux Romains. Parmi les préceptes moraux qu’il nous dit lui avoir été révélés par son ange gardien, on trouve celui-ci : « La première chose que nous avons à faire, c’est d’observer les commandements de Dieu. Si ensuite quelqu’un désire y ajouter quelque bonne œuvre, telle que le jeûne, il recevra en proportion une plus grande récompense. »

Encore ici, papisme évident, en dogme comme en pratique ; satisfaction à Dieu par les bonnes œuvres, et parmi les bonnes œuvres le jeûne.

J’avais pour cette dernière observance une aversion particulière depuis mon enfance, et c’était, par conséquent, avec autant de chagrin que d’étonnement que je découvrais, qu’en fait de jeûnes, les premiers Chrétiens l’emportaient même sur les plus rigoureux catholiques romains.

Le jeûne par lequel on se préparait à la fête de Pâques était prolongé par quelques personnes pieuses, l’espace de quarante heures successives, et ceux qui se raillent aujourd’hui des papistes, parce qu’ils ont deux jours d’abstinence par semaine, auraient eu les mêmes raisons de se moquer des premiers Chrétiens, qui, d’après les canons apostoliques, étaient obligés à une pratique toute semblable ; la seule différence était que les jours d’abstinence étaient alors le mercredi et le vendredi, tandis qu’aujourd’hui c’est le vendredi et le samedi ; et même ces deux