Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/502

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
446
SAINT IRÉNÉE.

connaissent tous un seul et même dieu, auteur de toutes choses ; mais ils disent que ce dieu, qui a tout fait, est né lui-même de quelque révolte ou de quelque souillure. Ils confessent aussi, mais seulement de bouche, un seul et même Seigneur Jésus-Christ ; mais, dans le fond de leurs pensées, ils distinguent le fils unique du Verbe, le Verbe du Christ, et le Christ du Sauveur, en sorte que, à les entendre tout d’abord, ils semblent confesser l’unité de Dieu ; mais peu à peu cette unité s’évanouit, Ils donnent à chaque qualification une existence à part, en en faisant des êtres distincts. Il est donc évident que l’unité, au sujet du Christ, est un mot qui n’est que sur leurs lèvres, et que leur pensée secrète ne correspond nullement à ces déclarations extérieures, car ils en font un dieu multiforme et purement de leur invention. Ils le font naître après ce qu’ils appellent le Plerum des Æons, et il ne vient sur la terre qu’après une dégradation, fruit de sa révolte, c’est pour cela qu’il souffre la passion qui le rend à sophia, la sagesse ; mais ils avouent eux-mêmes tous leurs embarras à travers ces explications nébuleuses. Je ne veux choisir, pour les combattre qu’Homère, qui est leur prophète, et qui aurait dit, au sujet du Christ, d’après certains érudits : « Je hais plus que les portes de l’enfer celui qui cache sa pensée dans son cœur, et qui se sert de la parole pour la déguiser. »

Le disciple de vérité condamnera, avec le même esprit de sagesse, toutes les propositions chimériques des pervers gnostiques, dans lesquels il ne verra que des disciples de Simon le magicien.

Il condamnera aussi les Ébionites ; il se demandera comment ils pourraient parvenir au salut, si celui qui est venu sur la terre, pour les sauver, n’était pas un Dieu ? ou bien, comment l’homme pourrait passer en Dieu, si Dieu auparavant n’était pas passé dans l’homme ?

Il faudrait aussi pouvoir comprendre comment, d’après le même système, l’homme pourrait échapper au règne de la mort, si Dieu ne venait l’y soustraire par un miracle pour le