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SAINT IRÉNÉE.

Verbe s’est uni à la chair, a vécu en elle, afin de chasser d’elle ce qu’il y avait de grossier et d’impur. Vers les premiers temps de la création, le juste Abel fut la figure de cette faucille qui devait moissonner le bon grain de l’espèce humaine : « Le juste, dit Isaïe, périt, et nul n’y pense dans son cœur ; et le Seigneur rappelle à lui l’homme de sa miséricorde, et nul ne le regrette. » Le juste Abel était la figure de cette prophétie, qui s’est ensuite accomplie dans la personne du Christ, et puis dans toute son Église, qui représente la tête et le corps du Christ.

Ce que nous venons de dire suffit pour répondre à ceux qui veulent que les prophéties aient été inspirées par un Dieu, qui ne serait pas celui que nous reconnaissons pour être le père de notre Seigneur, si toutefois ils consentent à renoncer à leurs folles opinions. C’est pour les aider à s’amender et à renoncer à leurs idées blasphématoires contre Dieu et à leur polythéisme impie, que nous nous appliquons à leur opposer sans cesse l’autorité des Écritures, et à les réfuter ainsi par leurs propres aveux, puisqu’ils invoquent eux-mêmes ces Écritures.


CHAPITRE XXXV.


Erreur et folie des valentiniens et des gnostiques, qui veulent donner plusieurs sources aux inspirations prophétiques des Écritures : c’est une chimère de prétendre que les prophètes et même le Christ auraient reçu le don de l’inspiration, tantôt des puissances supérieures, tantôt des puissances moyennes du ciel, et tantôt de Demiurgos.


Nous sommes forcés encore de revenir à la charge pour réfuter l’erreur des valentiniens et du reste des hérétiques que l’on comprend à tort sous l’inexacte dénomination de gnostiques, lorsqu’ils prétendent que certaines parties principales des Écritures auraient été inspirées par les puissances supérieures du ciel, d’autres parties par les puissances moyennes, ce qui correspond à la mère du Prunique, et une grande partie par le créateur du monde, dont les prophètes auraient été spécialement les envoyés. Nous disons qu’il faut être tout-à-fait dé-