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Églises, nous nous contenterons de marquer la tradition de la plus grande, de la plus illustre et de la plus ancienne Église, fondée et établie à Rome par les glorieux apôtres saint Pierre et saint Paul, cette Église qui a reçu d’eux sa doctrine annoncée aux hommes, et conservée jusqu’à nous par la succession de ses évêques. Ainsi nous confondons tous ceux qui, par aveuglement, par malice ou par vaine gloire, enseignent aux autres ce qu’ils ne doivent pas leur enseigner ; car c’est à cette Église, à cause de sa puissante principauté, que toutes les autres doivent avoir recours, c’est-à-dire tous les fidèles, dans tous les pays où l’on a conservé la doctrine enseignée par les apôtres. »

Irénée, il faut l’avouer, malgré son éducation tout apostolique, et les éloges de Photius qui le nomme le divin Irénée, n’aurait pas été un zélé partisan des 39 articles. Écoutez seulement en quels termes il parle du sacrifice de la messe, cette fable impie et blasphématoire, comme la définit le 31e des susdits articles : « De même il déclara que le calice était son sang, et enseigna la nouvelle oblation de la nouvelle alliance ; oblation que l’Église a reçue des apôtres, et offre à Dieu par toute la terre. » Il ajoute : « C’est pourquoi l’offrande de l’Église, que le Seigneur a voulu qu’on fît dans tout l’univers, est un sacrifice pur et saint aux yeux de Dieu, et agréé par lui. » Conformément à sa croyance, qu’il y avait un sacrifice dans l’eucharistie, ce père enseignait aussi, avec Justin et Ignace, la présence réelle du corps et du sang de Jésus-Christ dans le sacrement ; miracle, disait-il, si grand et si frappant, qu’on ne peut en admettre l’existence sans convenir de la divinité de celui qui l’a institué. « Comment, demande le même père, en parlant des hérétiques qui niaient la divinité de Jésus-Christ, comment peuvent-ils convenir que le corps béni par le prêtre soit le corps de leur Seigneur, lorsqu’ils refusent d’admettre qu’il soit le fils, c’est-à-dire le Verbe du créateur du monde ? »

Il se sert ailleurs d’un argument fondé sur sa croyance à la présence réelle de Jésus-Christ et à la transsubstantiation des espèces, pour combattre les mêmes hérétiques qui, conformément à leurs idées sur la corruption de la matière, ne pouvaient