Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/528

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
472
SAINT IRÉNÉE.

fin a fait tout ce qui existe. Aussi envoie-t-il ses armées ; car tout homme, en tant que créature formée par lui, et quand même il ne le connaîtrait pas, lui appartient. « C’est lui qui donne à chaque chose le moyen d’être ce qu’elle est ; c’est lui qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et pleuvoir sur les justes et sur les injustes. »

Mais s’il fallait encore de nouvelles preuves pour démontrer cette vérité, que c’est le même Dieu qui a envoyé sur la terre et les prophètes de l’ancien Testament et les apôtres du nouveau, nous citerions encore la parabole de l’enfant prodigue, où l’on voit que le plus jeune, celui qui a dissipé son bien avec des gens de mauvaise vie, est l’objet de toutes les caresses lorsqu’il revient dans la maison paternelle, alors qu’on le croyait perdu ; que c’est pour lui que l’on tue le veau gras, et qu’on lui met la plus belle tunique, tandis que l’aîné n’obtient même pas le sacrifice d’un bouc. Il faudrait citer encore la parabole des ouvriers qui furent envoyés par le Seigneur à la vigne, à différentes heures du jour ; c’est-à-dire, qui ont été appelés par le même Dieu, les uns, dès les premiers temps de la création, et d’autres plus tard ; ceux-ci vers le milieu du jour, et ceux-là encore plus tard ; les autres enfin, vers la fin du jour. Car, il faut qu’à toute heure du jour il y ait des ouvriers à la vigne ; mais c’est toujours le même père de famille qui les y envoie. En effet, il n’y a qu’une seule vigne, c’est-à-dire une seule justice ; et un seul distributeur des travaux, c’est-à-dire l’esprit de Dieu, qui dirige toutes choses. Il n’y a aussi qu’un seul et même salaire ; car tous reçoivent leur paiement en même monnaie, portant l’image et l’inscription royale, c’est-à-dire la croyance et la foi au fils de Dieu, qui est la promesse de la vie éternelle. Et les derniers venus ont été les premiers payés, à cause du mérite de l’avènement de notre Seigneur sur la terre dans ces derniers temps, lorsqu’il s’est offert lui-même aux yeux des hommes.

La même vérité ressort encore de la parabole relative à la prière du pharisien et du publicain ; si la prière du publicain fut mieux accueillie, s’il fut justifié et si le Christ lui rendit