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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/533

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SAINT IRÉNÉE.

direz soit propre à nourrir la foi et communiquer la grâce à ceux qui vous entendent. » Et encore : « Vous n’étiez autrefois que ténèbres ; mais maintenant, vous êtes lumière en notre Seigneur ; marchez donc comme des enfants de lumière, et non dans la débauche et les festins, dans les impudicités et dans les dissolutions, dans les querelles et les jalousies. C’est ce que quelques-uns de vous ont été autrefois : mais vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ et par l’esprit de Dieu. » Or, si nous n’avions pas en nous le pouvoir de faire ou de ne pas faire ces choses, quel motif notre Seigneur, et ensuite l’apôtre, aurait-il eu pour nous enseigner de faire les unes et d’éviter les autres ? Ainsi l’homme, dès le moment de sa création, a été fait libre, à la ressemblance de Dieu, qui est souverainement libre ; ce qui n’empêche pas qu’il ne conseille à l’homme de faire le bien, parce qu’en le faisant dans un sentiment d’obéissance envers Dieu, celui-ci s’avance de plus en plus vers la perfection.

L’homme jouit de son libre arbitre, non-seulement dans ses actions, mais encore dans sa foi ; ce qui le prouve, c’est que notre Seigneur a dit aux aveugles qu’il guérissait : « Qu’il vous soit fait selon votre foi ; » pour montrer par-là que l’homme est le maître de sa foi, parce qu’il est le maître de sa pensée. Et encore dans une autre circonstance il a dit : « Toutes choses sont possibles à celui qui croit. » Tout cela prouve que l’homme est bien libre dans sa foi. C’est pour cela « que qui croit au Fils a la vie éternelle ; qui est incrédule au Fils, ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. » C’est encore dans le même sens, et pour prouver que l’homme est maître du bien qu’il fait, et qu’il possède le libre arbitre de sa volonté, que le Seigneur disait, en parlant à Jérusalem : « Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes, et tu ne l’as pas voulu ? Voilà que votre maison sera abandonnée. »

On ne peut soutenir un système contraire à cette liberté de l’homme, sans accuser Dieu ou d’impuissance, puisqu’il n’aurait pu donner la perfection à son œuvre ; ou d’ignorance sur