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SAINT IRÉNÉE.

cependant ce n’est que pour gagner une couronne corruptible, au lieu que nous en attendons une incorruptible. Moi donc je cours, et je ne cours pas au hasard ; je combats, et je ne frappe pas vainement l’air : mais je châtie rudement mon corps et le réduis en servitude, de peur qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois réprouvé moi-même. » Ainsi donc saint Paul, comme un bon athlète, nous invite à suivre son exemple et à courir au combat de l’immortalité, afin de mériter la couronne de gloire, qui sera d’autant plus précieuse à nos yeux, qu’elle nous aura coûté davantage. Plus rude a été le combat, plus belle est la victoire, et plus la victoire est belle, plus elle nous est chère. Et, en effet, on aime bien davantage ce qui nous a coûté mille travaux et mille soins, que ce qui ne nous a donné aucune peine. Aussi le Christ, et après lui l’apôtre, nous enseignent-ils, qu’afin d’en aimer Dieu davantage, sa recherche doit être pour nous pleine de travail et de sollicitude. D’ailleurs, un bien qui ne nous coûterait aucune peine à obtenir ne pourrait être qu’une chimère. Le don de la vue nous serait-il si précieux, si nous ne pouvions apprécier combien est grand le malheur d’en être privé ? la santé n’a de prix que parce que nous connaissons la maladie ; les ténèbres font apprécier la lumière, et la mort fait apprécier la vie. Il en est de même du séjour des cieux, qui sera d’autant plus glorieux pour nous qui aurons connu le séjour de la terre. Mais nous l’aimerons davantage en raison même de cette gloire : et c’est par cet amour que notre mérite sera plus grand aux yeux de Dieu. Ainsi, c’est pour notre plus grand avantage et notre plus grand bien que Dieu a disposé toutes choses comme elles sont ; afin que, sachant ce que nous avons à faire, nous ne soyons point pris au dépourvu, et que nous persévérions à l’aimer, comme il le veut. Dieu a fait éclater sa miséricorde en pardonnant à l’homme son péché ; et l’homme doit être instruit de ce qu’il doit faire en connaissant cette miséricorde de Dieu ; et comme le dit le prophète : « Ta malice s’élèvera contre toi ; » Dieu a tout fait pour donner à l’homme les moyens d’arriver à la perfection, et pour lui faire connaître sa volonté et ses desseins. C’est ainsi