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car il avait appris toutes ces choses de ceux qui en avaient été témoins oculaires, et il les racontait conformément aux saintes Écritures. Par la miséricorde de Dieu envers moi, j’ai entendu alors toutes ces choses, et je n’en ai rien perdu, les ayant écrites, non sur le papier, mais sur mon cœur, et, par la grâce de Dieu, j’en conserve continuellement la mémoire. »

Si nous pouvions faire revenir sur la terre, pour un instant, l’ombre de cet illustre père, de ce saint, « nourri de la parole de foi et des bonnes doctrines, » avec quel front un protestant, un parvenu de la réforme oserait-il s’opposer à un esprit aussi orthodoxe, et soutenir que la parole non écrite de l’Église catholique n’est que l’héritage de l’imposture, la juridiction de la chaire de saint Pierre une usurpation, et le saint sacrifice de la messe une fable blasphématoire ?

S’il fallait d’autres preuves pour montrer combien était profond le respect de ce Père pour l’autorité et les traditions de l’Église, nous les trouverions dans les passages suivants tirés de ses écrits : « Pour ce qui regarde l’interprétation des Écritures, les Chrétiens doivent s’en rapporter aux pasteurs de l’Église, qui, par la volonté divine, ont hérité de la vérité avec la succession de leurs sièges. Les langues des peuples varient, mais la vertu de la tradition est une et la même en tout pays, et on ne voit pas que la doctrine, ou la méthode d’enseignement des Églises de la Germanie diffèrent en rien de celle des Espagnes, des Gaules, de l’Orient, de l’Égypte ou de la Libye. Supposé que les apôtres ne nous eussent pas laissé les Écritures, ne serions-nous pas toujours obligés de suivre l’ordre de la tradition qu’ils ont transmise à ceux auxquels ils avaient confié les Églises ? C’est cette transmission orale que suivent plusieurs peuples barbares, sans le secours des lettres ou de l’encre. » (Adver. Hær. Lib. IV.)

Ainsi ne voilà pas moins de six articles de foi et d’observance catholique, sanctionnés par l’autorité des premiers champions de l’Église, parmi lesquels il se rencontrait des hommes, aux oreilles desquels la prédication des apôtres, retentissait encore.