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SAINT IRÉNÉE.

avec lui-même. Et, en effet, il s’explique aussitôt au sujet de la chair, quand il dit : « Car il faut que ce corps corruptible soit revêtu d’incorruptibilité, et que ce corps mortel soit revêtu d’immortalité. Et après que ce corps mortel aura été revêtu d’immortalité, cette parole de l’Écriture sera accomplie : La mort a été absorbée par sa victoire. Ô mort ! où est ta victoire ? Ô mort ! où est ton aiguillon ? » Or, cette parole sera réellement accomplie, lorsque notre corps, mortel maintenant, et sur lequel la mort exerce un empire réel, puisqu’elle le menace sans cesse, aura été élevé jusqu’à la vie céleste, et sera devenu incorruptible et immortel. C’est alors que la mort sera réellement vaincue, lorsque le corps, qui est aujourd’hui soumis à son empire, échappera enfin à sa domination. C’est là ce qui fait dire à saint Paul : « Mais nous, nous vivons déjà dans le ciel ; c’est de là aussi que nous attendons le Sauveur, notre Seigneur Jésus-Christ, qui changera le corps de notre abaissement, en le rendant semblable à son corps glorieux, par cette vertu efficace qui peut lui assujettir toutes choses. » Quel est donc ce corps d’abaissement, que Dieu transformera en le rendant semblable au corps glorieux de Jésus-Christ ? Il est évident que c’est notre corps que nous avons dans cette vie, et qui a été dégradé par le péché.

Notre corps sera transfiguré, puisque de mortel et de corruptible, il deviendra immortel et incorruptible ; mais ce changement ne s’opérera pas par l’effet de sa propre nature, mais par l’action toute-puissante de Dieu, qui peut donner l’immortalité à ce qui était sujet à la mort, et l’incorruptibilité à ce qui était sujet à la corruption. Aussi nous lisons dans la deuxième épître de saint Paul aux Corinthiens, ces paroles : « Ensorte que ce qu’il y a de mortel soit absorbé par la vie. Or, c’est Dieu qui nous a formés pour cela et qui nous a donné pour gage son esprit. » Il est évident que tout ce que dit saint Paul dans ce passage est relatif au corps ; car ni l’âme ni l’esprit ne sont sujets à la mort. Ce qui était mortel en nous sera donc absorbé par la vie, lorsque notre corps passera de la mort à la vie incorruptible, dont il jouira éternellement, pour