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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/601

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SAINT IRÉNÉE.

Jésus-Christ, en remettant les péchés aux malades qu’il guérissait, a hautement manifesté sa nature divine ; car il n’y a que Dieu seul qui puisse remettre les péchés. Or, le Christ les remettait en même temps qu’il opérait des guérisons miraculeuses ; il prouvait donc par là qu’il est le verbe de Dieu, devenu volontairement le Fils de l’homme, à qui le pouvoir de remettre les péchés avait été donné par son Père ; il était donc ainsi à la fois homme et Dieu. Comme homme, il a été sujet à la souffrance ainsi que nous ; et, comme Dieu, il a eu pitié de nous, et nous a remis la dette du péché que nous avions contractée en offensant notre Créateur. C’est ce que David avait prophétisé, en disant : « Heureux l’homme à qui Dieu n’a point imputé son crime, et qui ne recèle pas la fraude dans son âme. » Il a annoncé ainsi la venue du médiateur, de celui qui, comme dit saint Paul, « a effacé l’écrit d’obligation qui était contre nous ; il l’a entièrement aboli en l’attachant à la croix. » Ainsi s’est réalisée cette figure, que, de même que nous étions devenus débiteurs de Dieu par le péché, à l’occasion du bois de l’arbre de la science du bien et du mal, ainsi nous avions acquis la rémission de notre dette par l’efficacité du bois de la croix.

Plusieurs prophètes ont prédit cet événement d’une manière figurative ; mais Élisée particulièrement en a montré la figure prophétique. Les fils des prophètes étant allés près du Jourdain pour abattre des arbres afin de se construire des habitations, il arriva que le fer de la cognée dont ils se servaient tomba dans l’eau, et ils ne pouvaient pas le retrouver ; ils s’adressèrent donc à Élisée qui, apprenant ce qui leur était arrivé, vint et jeta un morceau de bois à l’endroit où le fer de la cognée était tombé, et le fer aussitôt surnagea sur l’eau ; il étendit donc la main et le prit. Cette action du prophète peut être considérée comme une figure qui annonçait que la parole de Dieu, que l’homme avait perdue et dont il s’était fait l’ennemi par le bois de l’arbre de la science, lui serait rendue par le bois, c’est-à-dire par le bois de la croix. C’est saint Jean-Baptiste lui-même qui compare le verbe de Dieu à la cognée,