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SAINT IRÉNÉE.

qui se détache de la montagne sans la main de l’homme, et qui vient briser les royaumes de la terre, et commencer le règne de l’éternité, pour lequel aura lieu la résurrection des justes (le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne sera pas détruit et qui subsistera éternellement). Toutes ces vérités sont une réfutation accablante des doctrines de ceux qui élèvent des doutes sur l’existence de Dieu le père, et qui ne veulent pas reconnaître que c’est lui qui a envoyé les prophètes, et qu’il est le père du Christ ; mais ils disent que les prophéties sont dues à l’inspiration de plusieurs puissances célestes différentes. Cependant nous voyons que la conduite du Christ a été constamment conforme à tout ce qui avait été prédit par Dieu et les prophètes, et qu’il a exécuté toutes les volontés du Père, en ce qui concerne l’humanité. Ainsi, tous ceux qui blasphêment contre Dieu, soit hautement et par des paroles directes, comme font les sectateurs de Marcion ; soit en altérant les Écritures, à l’exemple des valentiniens, et de tous ceux que l’on comprend à tort sous la fausse dénomination de gnostiques ; ils doivent tous être considérés, par les fidèles, comme étant les organes de satan ; car il se sert d’eux pour maudire Dieu, qui a préparé le feu éternel pour tous les apostats : malédiction que le démon ne paraît pas avoir toutefois osé proférer : Car il n’a pas l’audace de proférer de sa propre bouche et directement le blasphême contre son Dieu ; c’est ainsi qu’il en agit envers nos premiers parents, qu’il séduisit en prenant la forme du serpent, comme pour se cacher de Dieu. Saint Justin a dit avec raison qu’avant l’avénement de notre Seigneur sur la terre, satan n’avait point encore osé blasphémer contre Dieu, parce qu’avant il n’avait pas connu l’arrêt de son éternelle damnation ; car les prophètes n’en avaient parlé que d’une manière allégorique et par figures. Mais depuis la venue de notre Seigneur sur la terre, satan ne peut plus avoir de doute sur son éternelle damnation qui lui a été formellement signifiée, soit par les propres paroles du Christ, soit par celles des apôtres, et qu’il a méritée en s’éloignant volontairement de Dieu ; de même que tous ceux qui persévèrent jusqu’à la fin dans leur