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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/642

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SAINT IRÉNÉE.

fert la mort par suite de leur amour pour Dieu ; et qu’ils règnent dans leur liberté là où ils ont supporté la servitude ? Les trésors de la bonté de Dieu sont inépuisables et tout est à lui. Il fera donc que la manière dont nous existons dans ce monde, sera rétablie telle qu’elle fut autrefois, et la terre soumise à la volonté des justes ; c’est cette vérité que saint Paul annonçait aux Romains, quand il disait : « Et l’attente des créatures est la manifestation des enfants de Dieu, parce qu’elles sont assujéties à la vanité, non pas volontairement, mais à cause de celui qui les y a assujéties. Dans l’espérance qu’elles seront elles-mêmes affranchies de cet asservissement à la corruption, pour participer à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu. »

Ainsi, nous trouvons partout des preuves que la promesse faite par Dieu à Abraham est inébranlable. Car Dieu lui a dit : « Lève les yeux, et regarde du lieu où tu es maintenant vers l’aquilon et le midi, vers l’orient et l’occident. Toute la terre que tu vois, je te la donnerai, et à ta postérité pour toujours. » Et ensuite : « Lève-toi et te promène sur la terre en sa longueur et en sa largeur ; car je te la donnerai. » Or, nous voyons par l’Écriture qu’Abraham, durant sa vie, n’a point été mis en possession de cet héritage ; car il n’a pas eu seulement un pouce de terrain, mais qu’il fut toujours errant, et partout reçu comme un étranger. Quand Sara, sa femme, mourut, il refusa le don d’un terrain pour sa sépulture que lui firent les Éthéens, et il acheta pour elle un sépulcre, au prix de quatre cents drachmes d’argent, d’Effron, fils de Séor l’éthéen ; parce qu’il ne voulait pas contrevenir à la promesse de Dieu, en recevant de la main des hommes ce que Dieu lui avait promis de lui donner, en lui disant à plusieurs reprises : « Je donnerai cette terre à ta postérité, depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve d’Euphrate. » Or, s’il est vrai que Dieu lui eût promis l’empire de la terre, comme il n’en a pas été investi pendant sa vie mortelle, il faudra que cette promesse s’accomplisse lors de la résurrection de tous les justes, tant pour Abraham que pour sa postérité. Or, la postérité d’A-