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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/646

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SAINT IRÉNÉE.

l’empire des nations qui lui avait été annoncé, mais il fut obligé de rester durant vingt ans au service de son oncle Laban, ayant quitté son pays aussitôt après la bénédiction de son père ; et il fut si peu le seigneur de son frère, qu’au contraire, il lui rendit hommage, comme son subordonné, lors de son retour de la Mésopotamie, et lui fit de riches présents. Ensuite, comment aurait-il joui de cette abondance de blé et de vin, à lui promise par la bénédiction paternelle, lui qui fut réduit à se réfugier en Égypte à cause de la famine qui désolait son pays, et devint le sujet de Pharaon, qui régnait alors sur les Égyptiens ? Il résulte de tout ceci que les termes de la bénédiction donnée à Jacob ne peuvent avoir trait qu’au règne futur des justes sur la terre, après leur résurrection, lorsque notre corps, plein d’une jeunesse nouvelle, et délivré des liens de la mort, jouira de la rosée du ciel et de tous les dons de la terre. Les anciens prêtres qui ont vu Jean, le disciple bien aimé, et qui l’ont entendu, nous ont rapporté comment il leur avait redit les paroles du Seigneur à ce sujet : « Un temps viendra où chaque vigne aura dix mille branches, chaque branche dix mille rejetons, chaque rejeton produira dix mille grappes, chaque grappe dix mille graines, et chaque graine étant exprimée, donnera vingt-cinq mesures de vin. Et lorsqu’un saint cueillera un raisin, un autre raisin dira : Je suis encore plus beau que celui que vous avez cueilli, prenez-moi et que je vous sois une occasion de bénir le Seigneur. » Il en sera de même du froment : chaque grain de blé produira dix mille épis, chaque épis, dix mille grains, et chaque grain, dix livres de farine pure ; tous les autres fruits, grains et plantes, produiront dans la même proportion : tous les animaux seront pacifiques, ne se nourriront que d’herbages, et ne se déchireront pas les uns les autres, et ils seront entièrement soumis à l’homme.

Telles sont les choses que raconte Papias, vieillard vénérable qui avait entendu le discours de saint Jean, et qui était contemporain de saint Polycarpe ; il les a consignées dans le quatrième livre de ses œuvres, car il a écrit cinq livres.