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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/67

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et Pistis, Patricus et Elpis, Metricus et Agapé, Énos et Sinésis, Ecclesiasticus et Macariathès, Théletos et Sophia.

Tels sont les trente Æons, produit erroné du système des valentiniens, qu’ils n’osent avouer, mais qu’ils reconnaissent en secret ; ils forment, suivant eux, le Plerum invisible et spirituel, divisé en trois ordres : L’ogdoade, la décade et duodécade, symbolisés par les trente ans que le Sauveur (il ne leur plaît pas de l’appeler Seigneur), a passé sur la terre sans se révéler par aucune manifestation publique ; ces trente années figurent, suivant eux, le mystère des trente Æons. Il y a plus, la parabole des ouvriers envoyés à la vigne serait encore une explication claire et symbolique des trente Æons : ne voyez-vous pas, en effet, les ouvriers envoyés vers la première heure ; les seconds, vers la troisième ; puis d’autres vers la sixième ; puis d’autres encore vers la neuvième ; puis d’autres enfin vers la onzième ? Additionnez ces hommes, vous aurez le nombre trente, nombre qui est celui même des Æons ; ce sont là les mystères admirables, les mystères sublimes, les mystères cachés qu’ils ont compris eux, mais que le peuple doit ignorer : c’est ainsi qu’ils interprètent certains passages de l’Écriture, lorsqu’ils croient pouvoir les adapter et les lier à leurs fictions.


CHAPITRE II.


Parmi tous les Æons, un seul, Unigenitus, autrement encore appelé Nus, engendré par le Propator, peut le connaître, le voir, le comprendre. Seul donc Nus se délectait dans la contemplation de l’incommensurable grandeur du Propator, et il méditait de communiquer, de révéler au reste des Æons toute la plénitude, cette grandeur qui était sans commencement, qui n’était visible ni à l’œil, ni à l’esprit. Pour complaire au père, Sigé l’arrêta, voulant les amener à les connaître ; les autres Æons brûlaient du désir secret de contempler leur producteur, celui qui, sans avoir jamais commencé, leur avait donné naissance : à ce désir se laissa emporter plus passionnément Sophia,