Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la loi, en vain que l’Écriture prohibe et interdit certaines actions, ils s’y abandonnent sans pudeur. Manger volontairement, et sans se croire souillés, les viandes offertes aux dieux ; courir avec empressement aux fêtes célébrées par les gentils en l’honneur de leurs dieux ; se porter à tous les divertissements publics ; assister même aux jeux horribles, à ces jeux que Dieu et les hommes ne peuvent voir sans abomination, les jeux sanglants des gladiateurs ; se livrer à toutes les voluptés de la chair, tout cela n’est pour eux que l’union de la chair à la chair, de l’esprit à l’esprit. Ne sait-on pas que quelques-uns d’entre eux instruisent des femmes dans leur foi pour les préparer à leurs infâmes plaisirs ? Il en est d’entre celles-ci qui, détrompées un jour, et cédant à leur conviction, sont ensuite rentrées dans le sein de l’Église, et, confessant leurs fautes, ont avoué ces infamies ; quelques-uns, dont le front ne sait plus rougir, ont arraché à leur époux des femmes objet de leurs lubriques envies ; d’autres, chastes dès le principe, et vivant hypocritement avec ces femmes comme avec des sœurs, ont manifesté au monde, par la naissance de quelques enfants, la prétendue chasteté de leur liaison fraternelle.

Et des hommes de cette impudeur, de cette dépravation et d’une impiété aussi odieuse, osent nous traiter d’ignorants, nous qui, dans la crainte d’offenser Dieu dans nos paroles et dans nos pensées, nous abstenons de toute action défendue ! Quant à eux, ne craignez pas qu’ils se refusent le titre de parfaits ; ils sont à leurs yeux la semence élue. Pour nous, nous ne pouvons jouir de la grâce que d’une manière passagère ; car, suivant eux, nous pouvons la perdre ; eux, au contraire, déclarent l’avoir en propre ; elle leur vient des cieux, se communique à leur être par une ineffable union et dans un perpétuel accroissement. C’est pour s’exercer dans cette union, qu’ils pratiquent de toute manière le mystère du mariage. Écoutez-les parler aux gens grossiers : l’homme de la vie spirituelle qui, dans sa nature terrestre, n’a pas aimé une femme, n’en a pas eu une à soi, cet homme-là est en dehors de la vérité ; elle ne se manifestera jamais à ses yeux ; mais celui qui n’a pas la