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nommé les êtres du sexe féminin, tandis qu’il ne parle que de ceux du sexe masculin ? N’eût-il pas, au contraire, procédé d’une manière toujours logique ? Pourquoi, s’il se fût assujetti à nommer les épouses des Æons, n’avoir pas nommé celle d’Anthropos, c’est-à-dire de l’homme ? Il n’aurait point laissé aux conjectures, et presqu’à la divination, le soin de la trouver.

Ils ont donc étrangement défiguré la narration de saint Jean. En effet, saint Jean ne parle que d’un Dieu infini en puissance, que d’un seul Jésus-Christ son fils unique, dont l’œuvre est la création ; il ne parle que de ce fils unique, créateur et lumière de tous les hommes qui vivent dans ce monde, créateur revêtu de la chair mortelle, pour venir, parmi les siens, et habiter parmi nous. Pourquoi venir avec des termes fleuris défigurer aussi étrangement une si simple exposition ? Pourquoi admettre, comme produit par émission, un second Unigenitus, appelé encore principe, un second Sauveur, un second Logos, fils de l’Unigenitus, un second Christ enfin, né pour sauver le Plerum ? Pourquoi, détournant de leur véritable sens toutes les expressions, et confondant les noms, chercher ainsi à se faire une vérité de son invention, ensorte que toutes les paroles de saint Jean ne conviendraient plus à Jésus-Christ, notre Seigneur ? A-t-il voulu parler du Père, de Charis, d’Unigenitus, d’Aletheia, de Logos, de Zoé, d’Anthropos, d’Ecclesia, de ce qu’ils appellent enfin la première ogdoade ? Mais y placent-ils Jésus, Jésus-Christ le maître de saint Jean ? Non. Celui que l’apôtre reconnaît pour le Verbe de Dieu est Jésus-Christ notre Seigneur : ne déclare-t-il pas lui-même qu’il a été bien éloigné de penser aux unions des valentiniens, et qu’il n’a voulu que rendre témoignage au Verbe ; car, résumant les choses qu’il avait dites, il les récapitule dans ces paroles : « Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. » Or, suivant les valentiniens, ce n’est point le Verbe qui s’est fait chair, puisqu’il n’est jamais sorti du Plerum ; mais c’est un Æon postérieur au Verbe, né de tous, comme nous l’avons dit ; c’est ce qu’ils appellent leur Sauveur.

Qu’ils apprennent donc, les insensés, que Jésus, dont la