Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/149

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s’accompagner sur le cotto, la harpe japonaise ; il était poète à ses heures ; et le brave père pensa que toutes ces qualités pouvaient être utilisées pour distraire son enfant.

Mmégaé reçut le secrétaire avec beaucoup de politesse. Elle s’assit sur la natte à côté de lui et lui demanda immédiatement de lui chanter quelque chose.

— Dites-nous, monsieur, une chanson d’Yeddo, votre pays.

— Vous savez donc que je suis d’Yeddo ?

— Oui, répondit Mmégaé, qui ne put s’empêcher de rougir.

Korétoki chanta et récita des poésies de son invention. Tout le monde admira son talent et le jeune homme fut trouvé charmant.

Mmégaé affirma qu’elle était tout à fait de l’avis des assistants et demanda que Korétoki revînt tous les soirs faire de la musique. Ce qui fut convenu.

Et l’excellent Sonoïké, ravi de voir enfin sa fille prendre goût à une distraction, ne savait à quoi attribuer ce changement.

— Je n’aurais jamais cru, se disait-il tout étonné, que ma fille aimât la musique à ce point-là.

Aussi tous les soirs le jeune secrétaire venait faire de la musique dans les appartements de Mmégaé.

Et la jeune fille, qui avait retrouvé sa gaieté, allait tous les jours de mieux en mieux. Ses parents étaient au comble de la joie de voir leur enfant revenue à la santé par les bons soins de Korétoki.

Mais ce dernier trouvait qu’on lui faisait un peu perdre son temps. Il était venu à Kioto pour étudier ; or toutes ses soirées, qu’il aurait dû consacrer au travail, étaient employées à des amusements qu’il trouvait frivoles.

Korétoki était un garçon fort sérieux.

Korétoki était un garçon très travailleur.