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promenades japonaises.

Les chocs s’arrêtent subitement et le bourdonnement des versets cesse instantanément.

Cette précipitation dans la manière de dire le chapelet n’a pas pour but d’en avoir fini plus tôt. Les bonzes ont assez le temps de réciter leurs prières et de les bien prononcer. Mais il s’agit de faire comprendre par l’encombrement des versets et des syllabes, combien est grand le nombre des êtres qu’il faut secourir. Les mots se précipitent sur les lèvres comme les âmes à l’entrée des paradis et la rapidité de la prononciation aide à la facilité de la délivrance.

Le jeune bonze d’hier se charge de donner le coup final sur le grand tambour, sans que sa figure douce et belle laisse apercevoir le moindre effort, il saisit le large tampon et, faisant voler ses vastes manches noires, il assène un coup vigoureux sur l’immense instrument qui mugit comme un monstre vaincu. Tel Sakia Mouni, calme et rêveur, terrassait du bout de son doigt les démons malfaisants, sans que sa physionomie indiquât rien de l’effort surhumain qu’il accomplissait.