Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/90

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les grains qu’on leur jette, vont-ils au plus vite se percher sur les corniches sacrées ?

Tout cela prouve bien qu’un des meilleurs moyens de faire connaître au dieu le but de la visite qu’on lui fait, c’est de jeter aux pigeons une poignée de riz.

Des marchandes ont préparé dans des petites coupes la ration nécessaire pour se faire bien venir des messagers ailés et elles ont fort à faire, armées d’un long bambou, de défendre leur denrée sacrée contre les attaques effrontées des pigeons divins qui savent parfaitement que ces provisions leur sont destinées.

Un autre système meilleur, mais plus cher. Vous voyez ces cages remplies de petits oiseaux. Achetez-en un, et, tout en le tenant dans la main, expliquez-lui bien votre cas ; puis, ouvrez la main ; l’oiseau s’envole, la prière est faite.


La prière des enfants.

Voulez-vous mieux que cela ? Seulement, c’est encore plus coûteux.

Sur la gauche, dans cette maison basse ouverte sur le devant, il y a un petit cheval jaune à crinière blanche. C’est la monture du dieu. Tous les matins on conduit le cheval au temple et l’on demande à Quanon s’il veut faire une promenade. Généralement, il refuse et l’on ramène le cheval à l’écurie. Mais ce cheval, qui reçoit tous les matins le regard de Quanon, lui apporte en même temps les vœux dont on l’a chargé tout le long de la journée précédente. Voyez, en effet, avec quel empressement on lui apporte des petites soucoupes pleines de fèves grillées ; chaque soucoupe est accompagnée d’une prière et l’animal en avalant les graines prend l’engagement de transmettre la supplique.

Vous me direz peut-être que, sur la quantité, le cheval peut s’embrouiller, oublier, mal faire les commissions dont on le charge. Alors faites mieux : donnez une forte étrenne à son gardien et le palefrenier