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Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, II.djvu/17

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confesser, de préparer les hosties, de nettoyer, de gratter, d’écurer ; je suis, en un mot, son serviteur indigne, vous voyez qu’il ne faut pas avoir peur de moi, je suis bien diable et gai en mes discours, mais sage comme une pierre en mes actions. Et vous, qui êtes-vous, la mère ? Vous m’avez l’air d’une bonne femme. Vous êtes mariée, j’en suis sûr, je vois ça à certaines choses, mariée à un brave homme. Oh ! un bon, excellent homme, mais un peu benêt, entre nous soit dit ; je le connais, et la nuit de vos noces vous fûtes même obligée de lui apprendre certaines choses que les femmes ordinairement savent trop bien, mais qu’elles font semblant d’ignorer ; j’en ai connu qui se pâmaient ainsi de pudeur, et qui, tout en disant : « Que faites-vous là ? », connaissaient le métier depuis l’âge de neuf ans. Mais vous, tout en étant mariée, vous êtes demeurée sage comme la Vierge ; vous avez des enfants… charmants, qui ressemblent à leur mère.

la femme.

Vous êtes donc du pays pour savoir cela ? Oui, je les aime bien, ces pauvres enfants !

yuk.

Et vous êtes heureuse ainsi ?

la femme.

Bien heureuse, mon seigneur, que me faut-il de plus ?

smarh répond au docteur..

À vous dire vrai, je n’ai jamais cherché le bonheur dans la science, je n’ai point travaillé, lu, compulsé.

satan.

Ni moi non plus, il y a là dedans plus de vanité que d’autre chose ; mais ce n’est point la science des