Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/168

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XXVII. L’Amérique Septentrionale a reçu de l’Europe les animaux domeſtiques.

L’abeille n’eſt pas le ſeul préſent que l’Europe ait pu faire à l’Amérique. Elle l’a encore enrichie d’animaux domeſtiques. Les ſauvages n’en avoient point. Des hommes libres n’avoient ſoumis aucune eſpèce vivante à leur domination : ils ne ſavoient que les détruire. La domeſticité des animaux n’a jamais dû précéder la ſociété des humains. La première conquête de l’homme, eſt celle qu’il a faite ſur ſes ſemblables. Juſqu’à cette fatale époque de ſervitude univerſelle, chaque individu avoit été trop occupé de ſon exiſtence, & ſa vie entière avoit été toute employée aux moyens de la conſerver. Mais auſſi-tôt qu’une partie des hommes eut ſubjugué l’autre, & que celle-ci ſe vit aſſujettie à travailler pour des maîtres, le loiſir fut connu pour la première fois ſur la terre. Ce loiſir fut le père des arts, qui conſolèrent, peut-être, le genre-humain de la perte de ſa liberté. La domeſticité des animaux, comme tous les autres arts utiles, fut, ſans doute, une invention des ſociétés.

Peut-être n’eſt-elle pas le moindre ouvrage de l’induſtrie humaine. Peut-être a--